Comme chaque année, le retour des émigrés vers leurs pays d'accueil est toujours douloureux. Ce n'est pas à cause « de quelques larmes versées en quittant leurs familles respectives », mais la douleur est surtout ressentie à l'aéroport dès qu'ils s'apprêtent à quitter le pays. C'est la conséquence directe d'une organisation qui laisse toujours à désirer. Août est le mois du retour en masse des émigrés mais surtout celui de la panique à l'aéroport d'Es Sénia. Si les autorités n'ont ménagé aucun effort pour « assurer un retour calme et sans incidents », l'organisation fait encore défaut. Toutes les faiblesses apparaissent pour « blesser les émigrés dans leur amour-propre » et leur prouver, une fois de plus, que « l'Algérie est encore un pays sous-développé. » Du point de vue sécuritaire, toutes les mesures semblent être prises. A l'entrée principale de l'aéroport, pas question de laisser passer deux personnes en même temps, et c'est ainsi que les premières files commencent à se former avant même d'accéder à l'enceinte aéroportuaire. Il est vrai que, depuis la fausse alerte à la bombe, au début de cet été, tous « les mouvements sont surveillés de près. » A l'intérieur de l'aéroport, une cloison sépare les deux zones réservées respectivement aux départs internationaux, d'une part, et nationaux de l'autre. Là encore, l'aéroport d'Es Sénia qui est à vocation régionale (des arrivées et des départs assurés pour presque tous les habitants des villes de l'Ouest du pays), de par sa superficie très réduite, hormis celle du tarmac, est loin de satisfaire les exigences et la pression de cette fin d'été mouvementée. Malgré une imposante architecture, la partie couverte de l'aéroport ressemble à une grande halle où l'acoustique et la climatisation ne semblent pas avoir de sens. Retards et dépassements Dans cette atmosphère, entre passagers et agents, les relations sont toujours tendues, offrant par conséquent des scènes désolantes qui se répètent plusieurs fois par jour : des vigiles accompagnant un passager, des cris « mélangés » aux sanglots des enfants qui fusent de partout, des nerfs qui craquent, des insultes, des menaces, des appels au calme... et le cirque continue jusqu'au dernier vol nocturne. « C'est une atmosphère normale », commentent les agents de sécurité. Les passagers, pour la plupart des émigrés, ne voient pas les choses sous le même angle. Ils déplorent une situation qui ne fait que perdurer car il est anormal que « les agents manquent de considération envers nous », dira une femme, avant d'ajouter : « nous sommes des Algériens avant tout. » Il est vrai que, pour l'enregistrement, les voyageurs sont obligés de se présenter au moins cinq heures avant l'horaire du vol. A ce temps d'attente et à l'impatience s'ajoute l'annonce d'un retard de celui-ci. Certains passagers sont ahuris quand ils apprennent qu'ils doivent s'inscrire sur une longue liste d'attente car leurs « OK » sont...fictifs. Une situation qui doit absolument changer pour le bien-être de tous.