Le porte-parole des Affaires étrangères, Amar Belani, souligne que l'Algérie n'a pas renié sa position sur la crise au Mali et qu'elle avait pris les devants depuis longtemps. La décision des autorités algériennes d'autoriser le survol du territoire national par les avions de combat de l'armée française a surpris plus d'un observateur. Certains ont même cru déceler un «camouflet diplomatique» compte tenu du fait que l'Algérie avait plaidé contre vents et marées en faveur de la solution politique de la crise au Mali. Mais vue d'«en haut», cette décision est somme toute logique et s'inscrirait dans la démarche algérienne du règlement de la crise malienne qui s'appuie sur une double approche politique et militaire. C'est du moins ce que souligne le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, contacté par nos soins. Ainsi, il tient d'emblée à rectifier que la décision relative à l'ouverture de l'espace aérien national se prend, de «manière souveraine par l'Algérie, chaque fois que nous estimons que la demande de survol est fondée sur une nécessité avérée». Et en l'occurrence, le porte-parole du MAE précise que «nous avons estimé que c'était le cas en examinant la demande française en respectant la procédure en vigueur». Pour lui, il n'y a pas lieu de parler «d'échec» ou de «disqualification» de la diplomatie algérienne, dont il impute la «responsabilité» de ces jugements à leurs auteurs. M. Belani en veut pour preuve que l'Algérie, d'après lui, a toujours couplé la solution politique avec une opération armée pour éradiquer les terroristes irréductibles qui sévissent au nord du Mali. «Je vous renvoie à la déclaration que j'ai fait le 14 octobre dernier pour casser l'approche simplificatrice accolée à la position algérienne et par laquelle je soulignais notamment que l'Algérie n'est pas pour le tout-politique et que le recours à la force est légitime pour éradiquer la menace terroriste», souligne le diplomate. Décodée, cette déclaration suggère clairement que l'Algérie est tout à fait à l'aise maintenant que la France a lancé l'assaut contre les bases des terroristes au nord du Mali. Le porte-parole des Affaires étrangères laisse entendre aussi que la France a saisi officiellement et depuis quelques jours déjà les autorités algérienne pour lui accorder ce fameux feu vert pour le survol du territoire national. «Sécurisation maximale» de la frontière avec le Mali La demande d'autorisation a été examinée conformément aux dispositions du décret exécutif de septembre 2010 publié dans le Journal officiel relatif aux conditions d'autorisation de survol du territoire national. Il y est précisé que cette demande doit être soumise 21 jours ou 15 jours avant le début de l'opération. En revanche, dans des cas plus urgents, ce délai peut être réduit. On peut donc penser que la France a respecté la démarche, en témoignent les «remerciements» de Laurent Fabius. Concrètement, l'Algérie cautionne l'offensive contre les islamistes maliens en pleine connaissance de cause. Elle n'abandonne pas pour autant la solution politique. Le porte-parole des Affaires étrangères le rappelle très clairement : «Nous persistons à considérer que l'intervention militaire n'est pas suffisante et qu'il n'y aura pas de sortie de crise durable et définitive en dehors d'un dialogue politique inclusif visant à prendre en charge de manière adéquate les revendications légitimes des populations du nord du Mali.» Amar Belani est en tout cas convaincu : «Le dialogue politique que nous continuons de préconiser est incontournable et tous nos partenaires, y compris français, le savent et l'admettent.» Quid de la sécurisation des frontières algériennes et le risque d'infiltration de djihadistes que pourraient induire les bombardements au nord du Mali ? Le porte-parole des Affaires étrangères rassure que les autorités ont pris les mesures adéquates pour faire face à pareille situation. «L'Algérie n'a pas attendu les derniers événements intervenus au Mali ni les demandes de certains de ses partenaires pour prendre les mesures les plus rigoureuses et les plus résolues pour garantir la sécurisation maximale de sa frontière avec le Mali. En fait, ces mesures ainsi que les dispositifs opérationnels appropriés ont été conçus et mis en œuvre progressivement depuis le déclenchement du conflit en Libye pour aboutir finalement à la fermeture de la frontière».