Les agressions israéliennes répétées, la grave crise financière, la fermeture du terminal d'El Mentar par où transitent les produits alimentaires vers la bande de Ghaza et son corollaire, la pénurie des produits de base nécessaires à la vie, les nouvelles dispositions du Hamas à accepter le principe d'une solution à deux Etats du conflit proche-oriental qui reconnaîtrait le droit à l'existence de l'Etat d'Israël sont actuellement les principaux sujets de discussion de la population palestinienne. Ehoud Olmert, nouveau Premier ministre israélien, suite à la victoire de son parti Kadima aux législatives, dont le programme politique est basé sur la non-reconnaissance du côté palestinien comme partenaire dans la recherche d'une solution pacifique du conflit israélo-palestinien, ce qui lui permet d'aller de l'avant dans son plan unilatéral visant à tracer les frontières définitives de l'Etats hébreu d'ici l'an 2010, ne cesse d'augmenter les pressions de tout genre sur le nouveau gouvernement palestinien dirigé par Ismaïl Haniyeh, du mouvement islamiste Hamas. L'embargo financier imposé par Israël qui refuse toujours de verser aux Palestiniens les droits et taxes douanières prélevées sur les marchandises palestiniennes transitant par les ports et les aéroports israéliens, d'un montant mensuel de plus de 50 millions de dollars et l'arrêt des aides financières occidentales, font que les caisses du gouvernement palestinien sont actuellement vides. C'est le constat fait par le Premier ministre palestinien lors de la première réunion officielle de son cabinet. « Le ministère des Finances a hérité d'une trésorerie entièrement vide, sans parler des dettes de ce département et de l'Etat en général », a-t-il déclaré. l'Autorité palestinienne compte 140 000 fonctionnaires, dont les salaires mensuels s'élèvent à près de 118 millions de dollars. Omar Abdel Razek, ministre des Finances, qui a assisté à la réunion, ainsi que tous les autres ministres résidant en Cisjordanie, par vidéo-conférence à cause de l'interdiction par Israël à ces ministres de rejoindre la bande de Ghaza, ce qui constitue une première mondiale, a dénoncé une guerre économique déclenchée par Israël. Il a précisé que la dette totale de l'Autorité palestinienne s'élevait à 1,3 milliard de dollars (dont 640 millions dus à des banques régionales et locales). Mais indéniablement, le sujet qui attire le plus l'attention dans les territoires palestiniens reste le nouveau discours politique du Hamas. En totale contradiction avec le programme annoncé lors de la campagne électorale, basé sur la non-reconnaissance de l'Etat d'Israël, ainsi que le recours à la lutte armée comme seul moyen de recouvrer les droits nationaux du peuple palestinien, le mouvement Hamas se rapproche de jour en jour du programme politique de l'OLP et du mouvement Fatah qui ont opté depuis les accords d'Oslo, en 1993, pour une solution négociée du conflit par la reconnaissance de l'Etat hébreu et la création d'un Etat palestinien sur les terres occupées suite à la guerre de 1967. Après la lettre adressée la semaine passée à Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, dans laquelle il a évoqué le principe d'une solution à deux Etats vivant côte à côte, le nouveau chef de la diplomatie palestinienne, Mahmoud El Zahar, vient de confirmer ces propos dans une interview accordée au quotidien britannique The Times, publiée hier. Mais il a averti en même temps qu'Israël et les négociateurs internationaux devront au préalable offrir une contrepartie à cette reconnaissance. « Nous devons d'abord écouter (les propositions) avant de répondre », a déclaré El Zahar au Times. « Si c'est très simple, si c'est très clair, si cela répond aux demandes des Palestiniens, nous pourrons décider. Sinon, nous devrons consulter, nous devrons demander à la population. Nous ne sommes pas propriétaires de la Palestine », a-t-il déclaré. C'est donc une profonde révision des principes du mouvement Hamas qui a beaucoup changé depuis son accession au pouvoir, suite aux législatives palestiniennes du 25 janvier. Il a arrêté la lutte armée et se dit prêt à vivre avec un voisin nommé Israël. La réponse israélienne a été apportée hier par l'inamovible Shimon Peres qui porte mal son prix Nobel de la paix. M. Peres, 82 ans, qui pense devenir vice-Premier ministre dans le prochain gouvernement israélien dirigé par Ehud Olmert, a répondu par la négative.