De nouveau, depuis la nuit de dimanche dernier, plusieurs quartiers de la ville de Ghaza et d'autres villes de l'étroite bande côtière ont replongé dans l'obscurité totale à cause de l'arrêt de fonctionnement de l'une des turbines de la seule station électrique de ce territoire palestinien. Dans le centre-ville, les magasins étaient illuminés à l'aide de petits générateurs électriques devenus indispensables à cause des coupures fréquentes de courant. Si l'Etat hébreu persiste dans son refus de faire entrer le carburant nécessaire au fonctionnement de la station électrique, dans quelques heures, toute la ville de ghaza et plusieurs autres localités risquent de manquer de cette forme d'énergie sans laquelle la vie moderne est simplement impossible. La bande de Ghaza qui vit des moments difficiles à cause de l'embargo partiel imposé par l'Etat hébreu, qui se transforme en embargo total à chaque tir de roquettes provenant de ce territoire, risque de nouveau la paralysie totale de secteurs essentiels comme ceux de la santé, de la communication, du traitement des eaux usées... De nouveau, on reparlera alors de la crise humanitaire qui menace plus de 1 million et demi de citoyens. Israël a arrêté l'approvisionnement de la bande de Ghaza en carburant et en tout autre produit après une série de tirs de roquettes artisanales contre ses localités proches de la bande côtière. Ces tirs sont survenus mercredi dernier à la suite d'une agression israélienne contre la bande de Ghaza ayant fait 6 morts parmi les hommes du mouvement islamiste Hamas qui contrôle ce territoire depuis le mois de juin 2007. L'armée israélienne avait justifié son acte guerrier, survenu malgré la trêve conclue avec le Hamas au mois de juin dernier, par le danger que représentaient ces éléments accusés d'œuvrer au kidnapping de soldats israéliens à l'image de Gilaad Shalit, détenu dans la bande de Ghaza depuis l'été 2006. Hier, le ministre israélien de la guerre Ehoud Barak avait décidé de maintenir la fermeture de tous les points de passages entre Israël et la bande de Ghaza. Selon la radio israélienne, Barak a demandé la discussion au cours de la réunion du Conseil des ministres réduit, qui se tiendra demain, de la nécessité de détruire toute source de tirs de roquettes dans la bande de Ghaza. Il faut tout de même souligner que les retombées de l'embargo total imposé à la bande de Ghaza depuis mercredi dernier sont moins fortes que par le passé à cause de la contrebande qui se pratique quotidiennement à travers les tunnels, des centaines, qui relient la bande de Ghaza à l'Egypte voisine. Aujourd'hui tout passe par ces tunnels — le carburant, les bonbonnes de gaz butane, l'électroménager, la nourriture, les médicaments, le bétail, etc. — ces tunnels, une source de richesse pour des dizaines de contrebandiers et pour le mouvement islamiste Hamas grâce aux taxes imposées sur tous les produits qui y transitent, ont de manière indirecte contribué à l'échec des négociations inter-palestiniennes, car tout accord entre le Hamas et l'Autorité palestinienne signifiera l'arrêt de cette forme de business, puisque l'importation se fera à partir des terminaux frontaliers. Ces négociations qui devaient débuter hier au Caire sous le parrainage du gouvernement égyptien, dont le but était la réunification des rangs palestiniens, ont été annulées à cause du refus à la dernière minute du mouvement Hamas d'y participer. Le mouvement islamiste qui contrôle Ghaza d'une main de fer a imputé ce refus à la présence de centaines de ses membres dans les prisons de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le président Mahmoud Abbas a, pour sa part, affirmé qu'aucun détenu politique n'était dans les prisons palestiniennes de Cisjordanie. De son côté, le mouvement Fatah a expliqué la position du Hamas par l'existence de divergences entre les responsables du mouvement basés à Ghaza et ceux vivant à l'extérieur des territoires palestiniens ainsi que par l'ingérence dans les affaires palestiniennes de forces régionales, sous-entendant l'Iran et la Syrie. En définitive, les pourparlers du Caire sont une autre occasion que les Palestiniens semblent avoir ratés. Malheureusement, dans tous les cas, que ce soit à cause de l'embargo israélien ou à cause de la poursuite des différends entre le Hamas et le mouvement Fatah , ce sont les simples citoyens, les pères de famille, les mamans, les enfants qui paient le prix fort, en voyant s'écrouler, un rêve qui n'a pas cessé depuis plusieurs décennies, celui de vivre, enfin, dans un Etat libre et démocratique.