De jour en jour, la situation dans les territoires palestiniens ne fait qu'empirer. Pas encore de gouvernement à cause des profondes divergences entre les forces palestiniennes qui constituent le nouveau Conseil législatif élu le 25 janvier passé où le mouvement islamiste radical Hamas détient la majorité absolue. Les deux principales formations palestiniennes, le Hamas et le mouvement Fatah, seconde force au Conseil législatif, ne sont toujours pas parvenues à trouver un terrain d'entente, leur permettant de former un gouvernement d'union nationale. Azzam Al Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah, qui mène la délégation de ce mouvement dans ces négociations, a déclaré : « Le dialogue doit se poursuivre, car nous avons commencé à discuter dans le détail les questions politiques qui font l'objet de divergences. Jusqu'a présent nous ne sommes pas parvenus à une entente. » Et comme convenu, le président Mahmoud Abbas, et le dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ont poursuivi vendredi à Ghaza leurs discussions entamées jeudi en vue de la formation d'un cabinet de coalition nationale dirigé par Hamas. M. Haniyeh, chargé par le président Abbas de former le nouveau gouvernement dirigé par le Hamas, s'était engagé à donner vendredi une réponse écrite au chef de l'Autorité palestinienne à propos des négociations en cours et des « intentions du Hamas ». M. Abbas avait indiqué, pour sa part, qu'il était disposé à accorder deux semaines supplémentaires au Hamas pour « constituer un gouvernement de coalition ». La situation économique est devenue alarmante, surtout avec le non-paiement des salaires du mois de février, la raréfaction de certaines denrées alimentaires essentielles, sucre, farine et produits laitiers, donc l'augmentation folle de leurs prix due à la fermeture par Israël du terminal d'El Mentare, par où transitent les produits commerciaux entre Ghaza et Israël, durant une période de plus de deux semaines. Cela a engendré, par ailleurs, de grosses pertes aux agriculteurs palestiniens. Les légumes qui étaient prêts à l'exportation vers la Cisjordanie ou même vers certains pays arabes ont été, soit avariés dans les entrepôts, soit dirigés à très bas prix vers les marchés intérieurs. Le terminal en question a été rouvert jeudi mais dans un seul sens, d'Israël vers les territoires palestiniens. C'est le commerce à l'israélienne, un commerce à sens unique. Cette politique concorde avec l'appel d'un certain responsable israélien, au lendemain de la victoire du Hamas aux élections, à ne pas affamer le peuple palestinien mais à lui imposer une sorte de régime alimentaire. Quant au conflit israélo-palestinien, c'est toujours la politique du fait accompli, celle du sens unique aussi. A moins de trois semaines des législatives israéliennes, le Premier ministre par intérim et chef du parti favori Kadima, Ehud Olmert, a affirmé vouloir fixer les frontières définitives d'Israël et se séparer des Palestiniens d'ici 2010. Olmert s'est dit décidé, en cas de victoire, à fixer les frontières permanentes d'Israël « dans les quatre ans ». Cela rejoint la politique de l'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon, toujours dans un comas profond basé sur la non-reconnaissance d'un partenariat avec les Palestiniens dans le processus de paix, mort et enterré depuis bien longtemps, avant même le déclenchement de l'Intifadha d'El Aqsa en septembre 2000. Un des leaders du Hamas, Khaled Mechaâl, n'a pas hésité à parler de « déclaration de guerre ». Le plan de « désengagement unilatéral israélien des territoires palestiniens » d'Olmert est « une déclaration de guerre contre le peuple palestinien », a déclaré Mechaâl. « Il s'agit d'un désengagement unilatéral sur la base des intérêts sécuritaires d'Israël et non des exigences de la paix », a-t-il ajouté. Le chef du Hamas, qui réside habituellement à Damas, victime lui aussi d'une tentative d'assassinat du Mossad israélien à Amman en 1997, affirme être en « danger de mort ». « Les menaces d'attentat contre moi sont persistantes », dit-il. « Lorsque Israël s'engagera à se retirer jusqu'aux frontières de 1967, y compris El Qods-Est, détruira le mur, démantèlera les colonies, reconnaîtra le droit au retour des réfugiés et des déplacés palestiniens et libérera tous les prisonniers palestiniens, alors le Hamas prendra des mesures sérieuses pour la paix », ajoute M. Mechaâl. Il a réaffirmé que la « Feuille de route n'existe plus » et « l'unique initiative d'Israël est son plan de désengagement unilatéral déjà béni par l'Administration américaine ». « La communauté internationale fait pression sur le Hamas pour qu'il accepte la Feuille de route, ignorée par l'Administration américaine et rejetée par Ariel Sharon. Pourquoi nous demande-t-on d'accepter un plan qui n'existe plus ? », s'interroge M. Mechaâl. En fait depuis l'échec des négociations de camp David, la même année, entre le feu président Arafat et le Premier ministre israélien de l'époque Barak, les Palestiniens ont bien sûr dénoncé ces déclarations qui vont à l'encontre de la Feuille de route, dernier plan de paix pour la région élaboré par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU). Malheureusement la Communauté internationale, qui a lancé ce plan et tant d'autres avant lui, cède toujours aux exigences israéliennes, des exigences qui finissent toujours par devenir avec le temps, des vérités difficiles à faire changer, dont le peuple palestinien seul subit les conséquences.