Le vice-ministre des Affaires étrangères, Jihad Moqdad, affirme sans rire qu'«un nouvel ordre sous le président Al Assad est tout à fait crédible». Hier Il y a eu plus de 100 morts en Syrie… Les rebelles et le camp Al Assad ne sont pas, c'est le moins que l'on puisse dire, sur la même longueur d'onde s'agissant d'un éventuel règlement du conflit. Alors que l'opposition politique et son bras armé crient à qui veut bien les entendre qu'ils rejettent catégoriquement une quelconque solution avec Al Assad au pouvoir, les porte-parole de ce dernier, eux, continuent de plaider le maintien de leur Président au-delà de 2014. «Un nouvel ordre sous le président Al Assad est tout à fait crédible, donc pourquoi l'exclure ? La différence c'est que maintenant le Président et les autres candidats devront aller vers le peuple, présenter leurs programmes et être élus par le peuple», a déclaré hier le vice-ministre des Affaires étrangères, Jihad Moqdad, dans un entretien à la BBC. «Ce seront les urnes qui décideront de l'avenir de la Syrie», a-t-il ajouté, balayant ainsi le très lourd bilan de Bachar et son clan qui se chiffre à plus de 50 000 morts. Mais dans la bouche de ce responsable, c'est déjà une évolution «significative»» dès lors qu'auparavant, seul le candidat du Baas, Hafez Al Assad était à chaque fois plébiscité. Les mandats sont de sept ans et, selon la Constitution adoptée en février 2012, l'actuel chef de l'Etat a le droit de se présenter deux fois à partir de 2014. Pour M. Moqdad, «cela ne fait pas deux ou quatre ans, mais dix ou vingt ans que certains cercles veulent changer la direction de la Syrie pour des objectifs politiques bien connus. Cela ne se produira pas», a-t-il tranché, sentencieux. Un torrent de sang comme bilan «Maintenant, nous disons que nous devons aller nous présenter devant le peuple syrien conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui stipule que le processus politique doit se dérouler au sein du peuple syrien et doit être mené par les Syriens. Alors pourquoi faut-il exclure X ou Y du processus démocratique ?», lance ce haut responsable du ministère. Selon lui, exclure qui que ce soit, «ce n'est pas de la démocratie mais de la pseudo démocratie». Le président syrien, qui ne compte pas céder son fauteuil, se montre intraitable sur cette question. Et l'émissaire international, Lakhdar Brahimi, qui lui a demandé de quitter le pouvoir pour amorcer la solution, l'a appris à ses dépens. Le journal Al Watan, proche du pouvoir, rapportait dans son édition de dimanche que Bachar Al Assad avait mis fin à la discussion lors de leur rencontre à Damas fin décembre, lorsque le médiateur «a osé s'enquérir de la question des candidatures lors des présidentielles» en 2014. Selon plusieurs sources, il poserait comme condition sine qua non à toute transition la possibilité pour lui d'être candidat à sa propre succession. Al Watan rapporte encore qu'au cours de cette rencontre, M. Al Assad a assuré ne pas être «le capitaine qui saute du navire qui coule». Brahimi en sait quelque chose… Il n'a pas tout à fait tort à ce détail de taille que c'est lui-même qui coule le navire syrien dans un torrent de sang. La preuve ? Hier pas moins d'une quarantaine de Syriens ont perdu la vie dont une dizaine à Houla (centre), cible d'une attaque à l'artillerie lourde de l'armée qui poursuit ses frappes aériennes à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi les victimes à Houla, dans la province de Homs, figurent cinq femmes, a affirmé dans un communiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, indiquant que cette ville (où 108 personnes avaient perdu la vie le 25 mai 2012, ndlr), était actuellement «le théâtre de bombardements et de combats quotidiens». A Homs même, les quartiers de Jobar et de Soultaniyé (sud-ouest) ont été visés par des raids aériens, a ajouté l'OSDH. Par ailleurs, dans le nord de la Syrie, un autre raid aérien visant la ville d'Al Bab, contrôlée par les rebelles, a fait au moins huit morts parmi les membres d'une même famille, dont deux enfants et trois femmes, a précisé l'OSDH. Au sud de la capitale Damas, «la ville d'Al Mleha a été visée par une frappe aérienne des forces du régime, ainsi que par des tirs de roquettes, alors que des combats opposaient rebelles et soldats près du siège de l'armée de l'air dans la ville» a ajouté l'organisation qui se base sur un réseau de militants et de médecins à travers le pays. Difficile avec de tels «hauts faits d'armes» de se présenter devant les Syriens pour réclamer un autre mandat après avoir marché sur les cadavres des milliers de leurs proches.