L'Algérie est à nouveau confrontée à un terrorisme de grande ampleur. L'attaque contre le complexe gazier d'In Amenas, dont l'importance n'est plus à souligner, n'est pas une mince affaire ; elle ne doit pas être sous-estimée au motif qu'elle se déroule au fin fond du Sahara et qu'elle est en relation directe avec l'intervention française au Mali. Elle replonge les Algériens dans la sombre période des années 1990. Les plaies peinent à se cicatriser, les traumatismes sont là ! L'assaut d'In Amenas a pour finalité de replonger l'Algérie dans l'instabilité sécuritaire la plus totale, de tétaniser les citoyens en inoculant la peur et la crainte et en portant atteinte aux intérêts économiques de notre pays, en faisant fuir, comme cela a été le cas en 1994-1995, les partenaires étrangers. Rendre l'Algérie infréquentable… C'est une attaque préparée de longue date. Les chefs terroristes attendaient, tout simplement, le déclenchement, qui devait intervenir tôt ou tard, de l'intervention internationale au Mali pour l'actionner. Il y aura probablement d'autres attentats terroristes sur notre sol qui prendront certainement des formes différentes. Les pouvoirs publics donnent l'impression d'être dépassés par l'accélération des événements, depuis la tentative avortée de prise de contrôle de Bamako par Ançar Eddine, AQMI et le Mujao… L'opinion publique algérienne doit être mieux informée. Une guerre de grande ampleur est engagée au Sahel. Le péril «djihadiste» n'est pas une vue de l'esprit. Il nous menace directement, tout autant que l'ensemble des pays africains frères de la région. Les populations de cette partie considérable du continent sont menacées par les islamistes radicaux qui cherchent à installer un ordre politique et religieux d'un autre âge, s'appuyant sur une vision étrangère et rétrograde de l'islam. Ce qu'ils n'ont pas pu imposer en Algérie par la terreur, ils tentent, à présent, de le réaliser au Sahel, en ciblant tout particulièrement le Mali, dont le pouvoir étatique et politique est gangrené par de puissants réseaux de trafic de stupéfiants. Ces groupes terroristes bénéficient, ce n'est pas assez dit, d'un soutien financier considérable des pays du Golfe. Le Qatar serait l'un des plus importants pourvoyeurs de fonds, tout autant que le wahhabisme, à travers ses pseudo-organisations caritatives et religieuses. Nos gouvernants ne prennent pas assez la mesure de ces dangers pour notre pays. Les connivences et les amitiés de circonstance doivent être mises de côté quand l'intérêt national le commande. Face au terrorisme, quelles sont les réponses ? La solution militaire dans le cas de l'attaque d'In Amenas est évidente, elle s'impose d'elle-même. Mais est-ce pour autant suffisant ? Notre pays a besoin de beaucoup d'autres initiatives pour ne pas revenir en arrière et revivre l'enfer des années 1990… Au plan politique, les choses tournent en rond. Les élections sont inefficaces, parce que les Algériens ne leur donnent aucune crédibilité, les résultats sont faussés, cela finit par creuser encore davantage le fossé entre la population et les autorités. De nouveaux consensus doivent se mettre en place, en s'appuyant sur la promotion de la démocratie et le respect des libertés et sur les forces vives du pays, en balayant définitivement l'islamisme politique de la scène politique, car porteur d'instabilité. L'économie algérienne, détruite par l'informel et le bazar, doit être reconstruite ; c'est une priorité essentielle, c'est une grande cause nationale. L'agriculture, l'industrie, mais aussi l'ensemble des biens et services doivent bénéficier d'un effort gigantesque. Les moyens humains et financiers existent. C'est la responsabilité de ceux qui gouvernent. Pour que l'Algérie soit réellement forte, juste, elle doit promouvoir l'espoir chez les jeunes… Nous entrons dans une phase de grande turbulence, qui exige des autorités une toute autre démarche, une toute autre politique… Pour le bien de notre pays.