Parlons sans convenances diplomatiques ni politesses plates, peut-on négocier avec des terroristes d'Al Qaïda? A-t-on déjà réussi à s'entendre avec eux quelque part à travers le monde ? Il n'y a absolument aucun précédent. Depuis toujours, les salafistes armés ne cèdent rien et se proposent, en revanche, à tout empocher. C'est çà ou l'épreuve de force. En lançant l'assaut contre les preneurs d'otages d'In Amenas, les forces spéciales algériennes n'avaient pas d'autre choix. Aucun pays, y compris ceux-là même qui font aujourd'hui une moue insensée, n'est prêt à livrer des otages, pieds et poings liés, à des sanguinaires notoires. La Norvège, le Japon, la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis d'Amérique auraient agi exactement de même, voire avec davantage de véhémence, si l'attaque terroriste avait ciblé leur territoire. C'est aujourd'hui une règle empirique bien établie. Les Russes agissent avec fermeté dans ce type de cas, quitte à engendrer des dégâts «collatéraux» parmi des enfants. Les Français criblent de balles les terroristes retranchés qui refusent de se rendre. Leur implacable résolution se solde, parfois, par la mort des otages qu'ils tentent d'exfiltrer comme récemment en Somalie. Les Anglais tirent même sur les manifestants qui troublent l'ordre public. Les Américains arment leurs drones pour neutraliser la moindre menace à des milliers de kilomètres de leurs frontières. L'aviation turque pourchasse les rebelles du PKK jusqu'en terre irakienne. En Norvège, on pense de même depuis que le néonazi Behring Breivik a commis un carnage à Oslo. Donc, concernant le mode de traitement de la crise, tout le monde est d'accord. Restent maintenant ces voix qui disent «nous n'étions pas prévenus de l'opération». Techniquement, peut-on éventer ce type d'action sans exposer davantage la vie des otages et celle des militaires engagés à leur secours. Mises à part les considérations de souveraineté, aucun militaire n'étalerait ses cartes à l'avance. Toutes ces critiques absurdes sont manifestement destinées à la consommation interne. Afin de calmer les appréhensions de leurs opinions publiques en rejetant toute la responsabilité sur autrui, ces responsables étrangers pensent visiblement à leurs propres carrières politiques. Hier, tous les pays occidentaux, sans aucune exception, saluaient les efforts de l'Algérie dans sa lutte antiterroriste. Il est vrai que, durant la décennie 1990, le pays ressemblait à un bouclier protégeant la Méditerranée et l'Europe. Durant toute cette période, malgré l'embargo sur les armes et les multiples pressions exercées à son encontre, notre pays n'a pas cédé au chantage islamiste qui a engendré plus 200 000 morts et près de 30 milliards de dégâts matériels. A partir du 11 septembre 2001 et les attentats de New York, les choses ont commencé à changer. Le monde réalise enfin l'ampleur démesurée du danger. Aujourd'hui, même si l'on critique formellement sa décision, tout le monde sait, en son for intérieur, que l'armée algérienne avait raison et sa réaction était pertinente. Ainsi même les terroristes doivent savoir à quoi s'attendre dorénavant. Les médias occidentaux et moyen-orientaux qui ont réservé à cet événement dramatique une couverture franchement partiale, ne changeront rien à la réalité des faits. Que cela soit en Algérie ou n'importe où ailleurs, la lutte contre le terrorisme exige beaucoup de fermeté et sacrifices. Cela engendre bien évidemment des dégâts collatéraux. Avec la guerre qui vient d'éclater au Mali et l'instabilité qui affecte tous les pays limitrophes, dont la Tunisie et la Libye, l'armée algérienne et les différents corps de sécurité ont une mission très délicate à accomplir pour protéger le pays. Devant un tel devoir, on ne peut s'amuser à discourir avec des désaxés qui menacent ouvertement les vies humaines et les ressources vitales du pays. La doctrine sécuritaire algérienne se base justement sur cette fermeté et rejette clairement le chantage et le payement des rançons. Tous les algériens sont aujourd'hui d'avis à frapper d'une main de fer tout individu qui voudrait les replonger à nouveau dans l'enfer des années 1990. Les peuples norvégien, japonais, français, américain et anglais, qui se souviennent sans doute de cette horreur inqualifiable, comprendront certainement cette attitude. A la lumière de tous ces éléments, l'Algérie n'appréhende aucune conséquence fâcheuse sur ses relations diplomatiques et son économie. Le contraire aurait exposé le pays à de sérieuses difficultés. K. A.