Dès la connaissance de l'attaque avec prise d'otages du complexe gazier d'In Amenas par des groupes terroristes islamistes, tout ce que la France compte comme médias a donné la primauté à la couverture et au traitement de cette information, alors que le gouvernement suivait l'évolution de la situation en relation constante avec les autorités algériennes. L'acte barbare inédit perpétré dans le sud-est algérien par des assoiffés de sang humain innocents au nom d'une religion poussée à sa perversion extrême a donc soulevé une grande émotion de ce côté-ci de la Méditerranée. Une émotion et des questionnements perpétuelles devant la diffusion d'informations non vérifiables, parfois contradictoires, poussant à la dramatisation des faits commentés dans des éditions spéciales à répétition des chaînes d'informations qui ont fait appel a des spécialistes avérés des questions liées à l'islamisme terroriste et à des pseudos spécialistes qui excellent dans l'art spéculatif. L'une des grandes questions posée dès le début du drame, restée dans réponse, est comment des terroristes ont pu monter leur opération dans un site gazier supposé bénéficier, de la part des autorités algériennes, de la plus haute des protections sécuritaires. Ensuite a régné une grande confusion devant peu d'éléments d'informations fiables empêchant de suivre le déroulé des évènements d'autant que des communiqués des intégristes venaient s'ajouter pour occuper l'espace médiatique et orienter les analyses et commentaires. Les éclaircissements apparus dans l'évolution de la situation à partir de jeudi après-midi ont donné un début d'explication sur la méthode choisie par l'armée algérienne pour maîtriser la situation découlant de la position politique qui refuse toute négociation avec des terroristes et la moindre concession à leurs revendications. A cet égard les titres à la «une» des quotidiens parisiens d'hier matin sont significatifs : «Alger a choisi la force» (Le Parisien), «Algérie : la prise d'otages tourne au drame» (Le Figaro), «Tragédie sur le site gazier» (L'Humanité). Les témoignages des otages libérés, d'algériens et d'étrangers, sont venus également livrer des informations fiables sur ce qui s'est passé à In Amenas, permettant de cerné des aspects de l'ampleur du drame. Le gouvernement français qui a peu communiqué sur l'événement, en s'interdisant toute critique à l'égard de la façon de faire des autorités algériennes à qui le président Hollande a manifesté «toute sa confiance» lors d'une prise de parole, jeudi matin. Mais, le soir de la même journée, le chef de l'Etat avait le visage grave pour indiquer que le drame «semble se dénouer dans des conditions dramatiques». Et pour son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, la prise d'otages d'In Amenas «Confirme la gravité de la menace terroriste». Intervenant hier, en fin de matinée, il a indiqué que «Depuis le début, je suis, avec les ministres concernés, en contact régulier avec les autorités de l'Algérie, pays durement éprouvé dans le passé par le terrorisme». «A l'heure où je vous parle, a-t-il déclaré auparavant, le décès de plusieurs otages est a déploré. Nous n'en connaissons pas encore précisément le nombre ni la nationalité». Contrairement donc à certaines capitales, comme Londres ou Tokyo, Paris ne soulève aucune critique à l'égard de l'Algérie dans la gestion de la prise d'otages d'In Amenas. Selon le journal Le Monde, cela est dû au fait que la France à besoin de l'Algérie dans son intervention au Mali. Pour convaincre que le drame du complexe gazier vient «renforcer le sentiment» que les deux pays «combattent le même ennemi», le quotidien parisien du soir donne son explication : «Aussi tragique et sanglant que soit cet épisode, dont le bilan demeure inconnu, il a comporté, pour Paris, un paradoxal effet d'aubaine, dans le souci de mobiliser des appuis internationaux aux efforts militaires engagés au Mali. Comme si la méthode éradicatrice algérienne, employée de manière spectaculaire à In Amenas, venait conforter l'option militaire française choisie au Sahel». Par ailleurs, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a assuré qu'aucune des quelques cinq cents entreprises françaises installées en Algérie n'envisagent de quitter le pays, mais des mesures de sécurité supplémentaires sont envisagées. Enfin, le parquet de paris à ouvert une enquête préliminaire pour «enlèvement suivi de mort» sur la prise d'otages d' In Amenas. Il s'agit d'une initiative classique à chaque fois que des Français sont susceptibles d'être victimes de faits commis à l'étranger. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a affirmé que «très peu de Français» se trouvaient à In Amenas. «Deux d'entre eux en sont revenus», a précisé le ministre en laissant supposer qu'il y aurait deux autres dont on est sans nouvelles, pour l'instant.