La plupart des femmes, dont même des médecins, hésitent à effectuer un dépistage systématique à cause des appréhensions psychologiques liées à la maladie elle-même. Le facteur psychologique demeure toujours l'un des principaux handicaps de l'opération de dépistage précoce du cancer du sein entamée en 2010 au centre régional d'imagerie de la Cnas de Constantine, à l'instar de tous les autres établissements à l'échelle nationale. «La plupart des femmes ont peur de franchir cette première étape dans leur vie à cause des appréhensions liées à la maladie elle-même ; je peux vous dire que même des femmes médecins qui sont bien conscientes de la nécessite de passer ce dépistage ont été réticentes à le faire », nous a révélé un médecin rencontré lors des portes ouvertes sur le dépistage du cancer du sein organisées par la Cnas et qui se poursuivent encore durant cette semaine. «Cela montre qu'un important travail de sensibilisation reste à faire en direction de toutes les femmes concernées, et que cela ne doit pas se limiter aux portes ouvertes mais il faut bien aller vers les patientes dans les maisons, les lieux de travail et surtout à travers les médias lourds qui n'ont pas jusqu'à présent accompli sérieusement leur rôle», poursuit notre interlocutrice. Par ailleurs, sur le plan équipement et en dépit de tous les efforts accomplis par le staff médical et administratif de la Cnas de Constantine, le renforcement en appareillages est plus que nécessaire, selon des responsables de cette structure, quoique que cette dernière a été équipée avant même l'entame de l'opération d'un matériel de haute technologie. «L'opération de dépistage précoce du cancer du sein avance à grands pas. Ceci dit, nous devons acquérir d'autres machines afin de répondre efficacement à la population, surtout que nous réalisons 17 consultations par jour, et nous devons ainsi respecter la capacité de chaque appareil», a affirmé Amer Nekhoul, directeur de la Cnas de Constantine qui assure le dépistage des femmes de dix wilayas du pays. «Nous ambitionnons d'atteindre 34 femmes examinées/jour», a-t-il indiqué tout en précisant que son organisme couvre les frais de déplacement pour toute femme assurée à la Cnas invitée à faire son dépistage. En 2012, les chiffres communiqués indiquent que 37 331 femmes ont été convoquées et 3 555 autres se sont présentées de leur propre gré. Pour la seule wilaya de Constantine 14 713 femmes ont été invitées dont 4 666 ont été dépistées. En outre, l'initiative revient à 970 femmes qui ont pris contact avec la Cnas dont 804 patientes ont passé leur examen médical. Sur cette opération préventive, le Dr Chahrazed Chougui, à la Cnas, dira : «La femme passera en premier lieu chez notre psychologue, qui se chargera de procurer à la patiente une certaine assurance par rapport à la simplicité de l'examen et aussi de lui faire comprendre que ce n'est qu'un pré examen naturel que la femme dépassant 40 ans doit accomplir.» Pour la seconde phase de l'opération, la patiente sera examinée ; elle bénéficiera d'une mammographie avec deux incidences pour chaque sein, d'une échographie, et enfin le médecin fera le diagnostic final. «Le sujet est déclaré soit sain, c'est-à-dire en bonne santé, soit suspect, en raison de la découverte de lésion. Dans ce cas-là, il sera orienté vers le CHU pour la biopsie et l'oncologie. La patiente peut aussi être classée ‘cas à revoir' et sera suivie, en lui proposant d'autres épreuves », expliquera notre interlocutrice. Rappelons que la CNAS a mis à la disposition des assurés sociaux et de leurs ayants droit depuis 2008, quatre centres régionaux d'imagerie médicale à Jijel, Maghnia, Laghouat et Constantine. Les femmes assurées sociales et ayants droit âgées de plus de 40 ans sont invitées à se rapprocher de la direction de la CNAS pour de plus amples informations sur cet examen médical gratuit. Depuis son lancement, l'opération a touché à l'échelle nationale 97 908 femmes invitées par les services de la CNAS.