Cinquante ans après l'indépendance, l'Algérie patine sur le plan économique et social malgré son énorme potentiel. L'heure du choix est venue. Quelle voie emprunter ? Quel serait le prix du statu quo ? Ce sont autant de questions auxquelles tenteront de répondre les initiateurs de l'action citoyenne Nabni au cours de la présentation en public de son rapport «L'Algérie de 2020», samedi prochain à Alger. Ce rapport, faut-il le rappeler, est le résultat d'un travail consultatif qui s'est déroulé tout au long de l'année 2012. «Nous demeurons à la traîne dans nombre de domaines, loin derrière des pays qui sont partis de conditions initiales semblables aux nôtres, il y a 50 ans. Malgré cette abondance que nous a procurée le secteur des hydrocarbures, nous nous sommes montrés incapables de créer les conditions d'un développement rapide», rappelle Nabni dans un communiqué de presse. Les auteurs du rapport sont plus que jamais inquiets : «Pire, notre économie et les dépenses de l'Etat restent gravement tributaires des prix du pétrole et de notre capacité à extraire et exporter les hydrocarbures enfouis dans notre sous-sol. L'analyse lucide des futurs possibles est, elle, encore plus inquiétante.» Si les choses ne bougent pas, un scénario «catastrophique» n'est pas à exclure. «Si le statu quo actuel en termes de gouvernance publique et de politique économique se poursuit, à l'horizon 2020, notre pays pourrait avoir quasiment siphonné ses réserves de change, et le Fonds de régulation des recettes pourrait ne plus contenir un seul dinar d'épargne pour l'Etat», s'alarment-ils. Et d'expliquer : «Selon un scénario probable où les prix du baril se maintiendraient mais nos exportations d'hydrocarbures baisseraient face à une production stagnante et une consommation énergétique nationale en croissance, nous pourrions être obligés de recourir à l'endettement extérieur pour couvrir nos importations. La dette extérieure pourrait même retrouver des niveaux insoutenables durant les années 2020.» Selon eux, «(…) le plus inquiétant est que notre pays pourrait se retrouver en situation de devoir affronter ces graves crises avec des institutions très affaiblies…» Un tel cas de figure, ajoute-t-on, «est loin d'être improbable, et il sera le fruit de notre incapacité à construire une vision pour notre pays, réformer nos institutions et définir une stratégie de développement inclusive, ambitieuse et globale». A contrario de ce scénario, il en existe un autre, celui «d'un réel changement, celui qui peut transformer l'avenir de notre pays». «Dans ce scénario, les Algériens prendront collectivement la mesure des dangers auxquels les exposent l'attentisme, l'inaction et par-dessus tout leur manque de confiance en eux-mêmes et les uns envers les autres. L'Algérie saura alors profiter de la fenêtre d'opportunités unique que lui offre la rente tirée des hydrocarbures entre 2013 et 2020. Le pays mobilisera l'ensemble de ses forces vives, où qu'elles soient, pour l'élaboration d'un nouveau pacte national de développement économique et social», relève Nabni. Le projet qu'elle propose s'articule autour de «cinquante chantiers de rupture» dans les politiques publiques, dans les domaines économique, social, éducatif, urbain, culturel et de santé publique, le tout basé sur des réformes fondamentales de la gouvernance et des institutions de l'Etat. Pour Nabni, les estimations du rapport de 2020 sont «loin d'être des approximations hasardeuses». Et l'avenir de l'Algérie de 2020 dépendra de la voie qu'empruntera «l'Algérie dès 2013, celle pour le meilleur ou celle pour le pire».