-Comment sont morts les otages ? Tokyo, Washington, Londres, Paris, Bucarest. Les chancelleries étrangères ont multiplié les demandes de «précisions», «d'explications» sur la mort de leurs compatriotes. La France et la Roumanie ont même annoncé l'ouverture d'une enquête. Car les autorités algériennes n'ont donné aucune précision sur la façon dont sont morts les otages étrangers. On sait qu'au moins 7 d'entre eux ont été tués avant ou au moment de l'assaut final. Un Britannique a aussi été assassiné après avoir été forcé à faire sortir ses collègues de leur cachette. Mais un témoin a rapporté qu'un Américain a été tué par un missile alors qu'il avait été emmené par les assaillants pour rouvrir les vannes de gaz. Ce missile a été tiré d'un hélicoptère algérien. Des otages ont également été forcés de monter dans les véhicules des terroristes, qui ont tenté à plusieurs reprises de s'enfuir de la base jeudi dans la matinée. Lors de la quatrième tentative, l'armée algérienne a tiré sur les véhicules, dont au moins un a explosé. Dans le véhicule de tête, le preneur d'otages a déclenché les explosifs qu'il portait. Qu'est-il advenu des otages à bord de ces véhicules ? -Y a-t-il des terroristes dans la nature ? Au cours de la prise d'otages et en attente d'informations officielles, la presse évoque deux terroristes en fuite. Dans les rues d'In Amenas, on entend des coups de feu. Les habitants craignent que certains preneurs d'otages se soient enfuis et se mêleraient à la population locale pour se cacher. Au même moment, des djihadistes tentaient d'entrer en Algérie par la frontière libyenne. Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre ne dit pas un mot à ce sujet. Démentir aurait probablement rassuré la population. -Où sont les disparus ? Depuis samedi, cinq étrangers sont toujours manquants. Explication des autorités : les recherches continuent, le site est grand. Effectivement, le complexe gazier de Tinguentourine aurait une superficie de 15 hectares. S'ils se sont enfuis dans le désert, ils auraient dû être récupérés par l'armée ou la population. Plusieurs témoins ont raconté s'être cachés dans leur chambre. Mais en cinq jours, les chambres ont été fouillées. Les personnes «disparues» ont pu perdre la vie. Dans ce cas, pourquoi faire la différence entre sept étrangers décédés «non identifiés» et les cinq personnes «portées disparues» ? -Comment se fait-il que ce groupe n'ait pas été repéré ? Le Sud est protégé. Les frontières sont sécurisées. La sécurité des sites est renforcée. Voilà ce qu'affirment les autorités nationales et locales. Impossible de savoir quels sont les effectifs exacts présents dans la région. A Alger, les ambassades et intérêts étrangers bénéficient d'une présence policière supplémentaire. Mais que se passe-t-il aux frontières qui sont officiellement déjà «fermées» ? Comment un groupe d'une quarantaine d'hommes armés, portant des tenues militaires et cagoulés, équipés d'au moins un mortier, n'a pas pu attirer l'attention ? Les preneurs d'otages ont été vus à un poste-frontière du côté libyen. Mais à partir de ce moment-là, plus de trace d'eux, et ce, jusqu'à l'heure de l'attaque. Il est effectivement difficile de sécuriser le désert. Mais le site de Tinguentourine est à l'ouest d'In Amenas. Les preneurs d'otages sont arrivés par la frontière. Ils sont passés à proximité de la ville. Doit-on en déduire qu'il n'y a aucun poste de contrôle aux alentours ? BP, Statoil et Sonatrach avaient choisi de ne pas armer les gardes à l'intérieur du site. «Etant donné l'importante présence militaire dans la zone, nous avons estimé qu'armer les gardes n'était pas nécessaire», expliquait Robert Wine, un porte-parole de BP, à un journal norvégien. Si ces forces armées sont bien présentes, existe-t-il alors une défaillance dans le système de surveillance ? Yasmine Saïd