L'actrice hollywoodienne, jeune, belle, à l'humour et au flegme so british, a tout d'une grande. -Vous étiez membre du jury de la dernière édition du Festival international du film de Marrakech. Pour la jeune actrice que vous êtes, c'est une reconnaissance… Déjà, la cérémonie d'ouverture du festival était pour moi très spéciale. Tout simplement parce que l'une de mes actrices favorites au monde recevait une récompense, je veux parler d'Isabelle Huppert. C'était réellement très touchant pour moi. Et, de plus, d'être témoin de cet événement. J'avais vraiment envie de pleurer (rires). Tout le monde, ainsi que les membres du jury, était debout. Je n'arrivais pas à croire a cela : j'étais sur la même scène qu'Isabelle Huppert au moment-même où elle recevait sa récompense. Cela était très émouvant ! Et la soirée du lendemain était fantastique avec l'hommage rendu au cinéma indien. Voir tout ce monde ensemble, c'était une consécration ! Rendez-vous compte, on produit 1000 films par an à Bollywood. Bien que les acteurs et les producteurs indiens soient très occupés, ils étaient presque tous là. Jusqu'à maintenant, on ne peut qu'aimer ce brillant festival. Un rendez-vous avec les différentes traditions de films que je vois, les nombreux réalisateurs qui viennent ici. Je me suis dit : «Je ne peux pas le croire, je vais les rencontrer» -Vous n'étiez pas dépaysée au Maroc… J'y ai travaillé dans le film intitulé Prince of Persia, tourné en 2008. Je suis restée pendant deux mois, je pense, à Marrakech et Ouarzazate. Je trouve que, depuis, Marrakech est encore différente. Cette ville est en train de se développer. C'est bon d'y revenir. C'est une cité si riche, culturellement parlant. C'est très drôle de rouler dans une ville et de se souvenir de merveilleux moments de bonheur. -Aujourd'hui, on peut dire que Gemma Arterton est connue et reconnue dans le monde… Non, pas dans le monde. Mais je pense en Europe définitivement. Dans certaines régions du monde, je veux dire. En France oui, où les gens m'ont bien accueillie. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs (rires). Définitivement aussi en Amérique. Mais pour l'anecdote, lors de la rencontre avec les acteurs indiens pour la soirée d'hommage au cinéma indien, certains m'ont demandé : «Qu'est-ce que vous faites ?». Et je répondais simplement : «Je suis une actrice, vous savez. Et vous ?». L'un d'entre eux m'a rétorqué : «Et moi, je suis un acteur célèbre dans toute l'Inde» (rires). Et j'ai répondu : «Je ne le savais pas, vraiment ?» (rires). Partager Bollywood et Hollywood dans un même lieu, deux mondes séparés et différents, est passionnant. Donc, je ne suis pas internationalement connue, en tout cas pas trop. Mais je le suis dans les pays anglophones. -Mais vous avez notamment joué dans Quantum of Solace, ce James Bond interprété par Daniel Craig. Et ce film a connu une énorme diffusion mondiale... Oui ! Mais les gens ne réalisent pas souvent que c'est moi qui joue dans Quantum Of Solace. Il m'arrive de devoir dire : «J'étais dans ce film». Et leur réponse est souvent dubitative : «Vraiment, vous y étiez ?» (rires). Je parais un peu différente dans le rôle que j'interprète dans ce film. Et puis, effectivement, je suis un peu timide, je ne veux pas être reconnue et ennuyée par les gens. Etre anonyme. C'est parfait pour moi ! -Le film Tamara Drewe (2010), où vous interprétez le rôle-titre, a connu un succès d'estime… En fait, Tamara Drewe a été un succès en Italie et en France. Chaque Parisien semblait rêver et dire à haute voix : «Je t'aime Tamara Drewe». Oh mon Dieu, c'est tellement drôle et hallucinant ! Pourtant, c'est un film anglais. Mais je pense que l'humeur était française. Je pense aussi que c'était à cause de l'idée : «ô combien les Anglais sont ridicules !». Et je pense que les Français ont adoré voir les Anglais se moquer d'eux-mêmes (rires). Mais, comme je vous l'ai dit, je ne veux pas être une international movie star. Cela rend fou. -Qu'est-ce que cela vous a-t-il fait d'être dirigée par Stephen Frears ? (Temps d'arrêt). Charmant ! Vous savez, c'était une merveilleuse expérience que de faire ce film dans la campagne britannique. C'est un grand réalisateur, évidemment ! Il a su donner de la lumière et de la brillance au film. Une comédie. C'est un maître et il est aussi génial qu'intelligent. -Et concernant le réalisateur Guy Ritchie qui vous a dirigée dans RockNRolla (2008) qui a obtenu le Prix du meilleur film britannique, comment les choses se sont-elles passées ? C'est différent ! (rires). Je veux dire que Guy Ritchie est un gars dur. C'est aussi quelqu'un d'intelligent, un véritable directeur d'acteurs. Il comprend très bien les problèmes d'interprétation d'un rôle… Je le connaissais avant, puisqu'au début de ma carrière j'avais fait un film avec lui. J'étais sur le plateau de tournage pour deux jours. D'après mon expérience, il m'est apparu comme quelqu'un de créatif sur le plateau. Très ouvert, très «joueur» avec, en plus, beaucoup d'énergie. J'aimerais encore tourner avec lui. Chaque direction de film présente un style différent. Et cela est une bonne chose. -Etes-vous intéressée par le cinéma indépendant, les jeunes talents… Ô que oui ! Sincèrement, je suis plus passionnée par cela que par la grandeur d'Hollywood. Bien qu'on fasse des choses fantastiques à Hollywood. Je pense que les jeunes acteurs et réalisateurs, ainsi que ceux de ma génération, essayent d'avoir de grandes idées et de les développer. Même sans avoir plus d'expression, de liberté, de financement… Effectivement, j'aime voir les films indépendants. Je vais souvent au cinéma découvrir des films indépendants et ce, par rapport aux grands films. -Et tourner un film dans le monde arabe, cela ne vous a-t-il jamais tentée ? J'ai pu voir un très beau film marocain, Les Chevaux d'Allah (ndlr : de Nabil Ayouch sur les kamikazes de Casablanca), programmé durant le Festival de Marrakech. Et j'ai réalisé qu'il existe d'extraordinaires talents ! Des acteurs, des réalisateurs… Waow ! Une merveilleuse ambition culturelle et l'envie de montrer ce qui ce passe dans le pays. C'est très intéressant ! Je ne dis jamais non à ce qui vient vers moi. Je suis très ravie. Qui sait si je ne ferais pas un film arabe. Mais je devrais d'abord apprendre la langue arabe (rires) !