Il est venu par ses propres moyens, dès que les initiateurs de ce séminaire ont fait appel à lui. Driss Sraïri est un universitaire marocain, reconnu comme un défenseur de la musique classique algérienne depuis des années. Son écoute musicale est exceptionnelle. Chez lui à Rabat, il a réussi à constituer un trésor sur cet art musical algérien en particulier, mais il ne compte pas s'arrêter là. Que est l'objet de votre présence en Algérie, particulièrement à Tipaza ? J'ai répondu à une invitation de cheikh Sid Ahmed Serri, qui m'a fait l'honneur de m'inviter à cette rencontre nationale algérienne sur la musique classique algérienne. Je ne peux pas cacher ma fierté, en ma qualité de modeste personne qui défend la musique andalouse maghrébine, particulièrement la musique classique algérienne depuis mon très jeune âge. Quand êtes-vous venu en Algérie pour la première fois ? Cela remonte à 1987. J'ai fait connaissance avec des amis tlemcéniens au Maroc et je suis venu avec eux en Algérie pour assister à des soirées musicales. En 1989, Sid Ahmed Mekhrizi m'avait également invité à Mostaganem pour animer des conférences. J'avais aussi participé à des tables rondes et à des colloques sur la musique classique algérienne à Alger. Voyez-vous, dès que l'occasion se présente, je viens en Algérie par amour pour cet art musical, d'abord pour échanger les idées, ensuite pour apprendre et enfin pour essayer de transmettre à mes amis algériens, d'une façon modeste, ce que j'ai recueilli dans mes recherches. Vous avez déclaré que ce n'est pas votre gagne-pain, mais alors ? J'avais obtenu mon doctorat d'Etat en chimie bioorganique en France. Je suis chercheur. J'exerce actuellement dans mon pays le Maroc, au poste de secrétaire général de la commission des bourses de recherche. Néanmoins, je reconnais que je suis un simple amateur de musique andalouse quelle que soit sa nature, en mélomane fan de la musique andalouse marocaine, en particulier de la musique algéroise sanaâ. Je vous avoue que mes penchants vont vers l'arroubi et le haouzi également. Avez-vous discuté avec les chouyoukh ? Ecoutez ! Je les connais tous et je les rencontre dans plusieurs manifestations culturelles. Sid Ahmed Serri, c'est mon idole. Les relations entre nos deux familles nous ont d'ailleurs permis de renforcer nos échanges. Tout cet amour pour la musique algérienne, comment l'expliquez-vous ? Je l'avais déjà dit à maintes reprises. L'Algérie, à ma connaissance, n'a réellement possédé qu'une seule voix, celle du défunt Sadek Bedjaoui. Je vous assure que rien que le fait d'évoquer son nom, j'en ai déjà la chair de poule. Je l'ai connu indirectement et très apprécié à travers les médias. D'ailleurs, mon père l'écoutait régulièrement par le biais de votre radio. Quand Sadek Bedjaoui passait à la radio, pour ma famille et moi-même, c'était semblable à la fête de l'Aïd. Je me suis contenté de collectionner ses chansons et les écrits qui se rapportent à lui, mais également à Dahmane Benachour, Abdelkrim Dali, Yamna, Fadhéla D'ziria, Sid Ahmed Khaznadji et Mahieddine Bachtarzi. Qu'avez-vous apporté pour ce séminaire national qui se tient à Tipaza ? En premier lieu, je dirai que ma présence est d'abord une satisfaction morale. J'étais venu pour une contribution modeste, en animant une conférence qui s'est articulée autour de la question de la musique andalouse face aux défis contemporains. Je vous rappelle que je suis l'évolution de la musique classique algérienne à distance. Je repars dans mon pays le Maroc, très marqué par la splendeur de la région de Tipaza que je viens de découvrir et que je trouve paradisiaque d'une part et je me suis enrichi par les interventions et les débats que j'avais suivis attentivement durant ces deux jours, d'autre part. En fin de compte, je suis convaincu que notre musique n'est pas aussi menacée comme certains veulent le faire croire. Je ne terminerai pas sans exprimer mes remerciements aux personnes qui m'ont permis de passer des moments merveilleux au milieu de la famille de la musique classique algérienne et je tiens à exprimer toute ma reconnaissance envers mes amis et les autorités algériennes, pour leurs gestes envers ma modeste personne. A vous également, je dirai à la prochaine occasion et je ne raterai pas l'occasion pour montrer cet article à mon entourage au Maroc, pour illustrer mon bonheur quand je me trouve en Algérie.