Une animation particulièrement festive a régné dans la cité antique pendant toute la matinée de jeudi dernier, pour célébrer l'événement dans le rituel de la pure tradition algéroise. Tôt, les jeunes élèves de l'association de musique andalouse, Anadil El Djazaïr, (Les rossignols d'Alger) sous la conduite de leur professeur, Youcef Ouznadji, et des grands maîtres de la sanaâ algéroise, ont officié le rituel du «dikr» au mausolée de Sidi Abderrahmane. C'est au palais El Menzeh mitoyen que l'association «Les Amis de la rampe Louni Arezki» de la Casbah ont organisé une rencontre chaleureusement conviviale, qui a rassemblé une très nombreuse participation d'invités venus de toutes les localités de la capitale. Dans une atmosphère exceptionnelle de liesse des grands jours, où la présence féminine était imposante, des personnalités de la communauté culturelle et sportive étaient à ce rendez-vous de grande commémoration de la mémoire. Les monuments du patrimoine musical andalou, Sid-Ahmed Serri et Mohamed Kheznadji étaient entourés du virtuose et vétéran violoniste, Kamal Benchaouche, et des professeurs Nouredine Saoudi et Smaïn Hini. Au souvenir de la gloire du mouvement sportif algérien, Mohamed Maouche, de l'héroïque équipe de football de l'Algérie combattante, et Mustapha Larfaoui, du Comité olympique, ont tenu a être présents à cette communion de pensée collective, en compagnie de la grande moudjahida, Annie Steiner, visiblement ravie par l'accueil affectif qui lui a été réservé par l'assistance. Une figure emblématique de La Casbah, Rédha Belhadad, qui a immortalisé les fêtes d'indépendance, le 3 juillet 1962, dans la vieille cité à travers une fresque d'art plastique peinte de ses mains sur le fronton de la placette de l'historique rue Arbadji, à Marengo, était également présent à ce rendez-vous de la mémoire. Le moment fort et tant attendu a été l'apparition de l'invitée d'honneur de l'association, la centenaire Ella Ouardia, qui, drapée dans un superbe haïk m'rama, a été accueillie sous un tonnerre d'applaudissements. Honorée pour la circonstance par la remise d'une superbe médaille du souvenir, Ella Ouardia, émue et témoin d'un siècle agité, a prodigieusement revisité et transposé, devant une assistance admirative, le parcours d'un vécu riche et dense à travers les repères mémoriels d'Alger et de son antique Casbah qui, par la symbolique de leur beauté, ont inspiré un article de presse consacré par le président de l'association, Aït Aoudia Lounis, à cette évocatrice et rétrospective dans la temporalité intitulé «Ode d'amour pour Alger et son antique Casbah». A sa lecture, le célèbre auteur, poète d'El Qaçba zman, en la circonstance, a dédié cette magnifique prose à la gardienne d'une mémoire vivace, fêtée ainsi en déesse de la pensée.