Une soirée conviviale organisée au Cercle sportif de l'USM Alger à Bab El Oued ce jeudi, nous a fait découvrir l'enracinement de ce patrimoine musical dans l'antique Cirta à travers un talent de cet art au royaume du malouf. Tarek Difli, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un pur produit du malouf ; il est natif de Constantine qu'il n'a d'ailleurs jamais quittée. Excellent instrumentiste qui joue du piano, du violon en passant par le mandole, il a fait partie d'orchestres de grands maîtres, à l'image de Hadj Mohamed Tahar Fergani de Constantine, de Maâzouz Bouadjadj de Mostaganem, et de chanteurs de renom tels Abdelkader Guessoum de Blida, Kamal Bourdib et Dahmane El Kobbi d'Alger en qualité de « bras d'accompagnement » au banjo dont il a le secret de la douceur lyrique. très jeune, le genre chaâbi l'attire d'abord, le séduit ensuite et l'envoûte pour toujours, selon son expression avec l'avènement de l'ère « zahienne », épopée novatrice du genre chaâbi du célèbre Amar Ezzahi. Ainsi, avec un style particulièrement original, une voix suave, vibrante et mélodieuse à la fois, il ne cesse d'épater les mélomanes algérois qui l'ont adopté après qu'il les ait subjugués lors d'une mémorable rencontre initiée par l'association des Amis de la Rampe Louni Arezki, au palais El Menzeh à La Casbah, en évocation du souvenir des chouyoukh de la Médina lors du Mawlid Ennabaoui le 31 mars 2007. C'est devant un public très nombreux, composé essentiellement de jeunes et de férus de la chanson chaâbie que Tarek Difli, comme à l'accoutumée heureux d'être parmi les siens à Alger, a sélectionné un riche répertoire de ce patrimoine musical. De véritables morceaux d'anthologie de l'art chaâbi dans son essence pure « djed » ont suscité l'émerveillement de l'assistance qui a renoué, dans un instant de pur bonheur, avec les splendeurs de la verve de la poésie maghrébine des immenses Maghraoui, Ben Khlouf, Ben Messaïeb. Les préludes « istikhbar », repris avec une superbe modulation de voix mélodieuse, ont fait revivre les florilèges de la chanson chaâbie avec, en clôture, une interprétation magistrale de l'immortelle chanson très populaire à Alger, Ya mesbah ezzine, scellée de l'empreinte indélébile du regretté grand maître Hadj M'rizek, une manière d'évoquer, en la circonstance et avec émotion, son souvenir et sa mémoire,à travers la reprise en chœur du refrain de cette belle mélodie par toute l'assistance. A la faveur de ces heureuses retrouvailles, d'autres rendez-vous ont été programmés avec Tarek Difli, à la grande satisfaction de son public algérois.