L'équipe nationale a lamentablement échoué à la CAN-2013. Ce constat, nul ne peut le contester. Deux matches, autant de défaites en attendant la troisième sortie face à l'ogre du tournoi, la Côte d'Ivoire. Le match revanche entre les deux sélections a perdu toute sa signification après les sorties ratées des Verts face à la Tunisie (0-1) et au Togo (0-2). A l'heure du bilan, il ne faudra pas diluer les questions essentielles dans un débat stérile et sans fin. Déjà des voix s'élèvent ici et là pour stigmatiser tout le monde et personne en même temps. La faillite étant technique, elle engage prioritairement les responsables de ce volet, à savoir le staff technique et, à un autre degré, les joueurs. Ces deux parties se partagent la responsabilité de l'échec. Le staff technique, à sa tête le sélectionneur Vahid Halilhodzic, porte une lourde responsabilité dans ce qui est arrivé à Rustenburg. Ses choix (de joueurs) et options (tactiques) sont remis en cause. Il n'a pas su guider la sélection vers les succès espérés. Est-ce une surprise ? La réponse est bien sûr négative, si l'on se réfère à la démarche globale qu'il a choisie depuis son intronisation au cours de l'été 2011. Totalement libre dans ses choix de joueurs, il a mis de côté ceux dont il disait qu'ils ne faisaient plus l'affaire, taclant au passage son prédécesseur Rabah Saâdane qui, lui, a eu l'élégance de ne pas le suivre sur ce terrain mouvant, il a tapé sur les entraîneurs algériens, les joueurs du championnat, il est allé encore plus loin en fustigeant ses collègues, les journalistes, tous accusés de ne pas s'être rendu compte qu'une pépite répondant au nom de (Saïd) Bouchouk illumine le championnat et le football algériens, sans que quiconque s'en est rendu compte. Son ego surdimensionné et le peu de respect qu'il voue aux différents acteurs du football algérien l'ont complètement isolé de celui-ci. Les matches de qualification contre la République centrafricaine, la Gambie et la Libye, «redoutables terreurs du football continental», ont totalement faussé son approche. Emporté par l'euphorie ambiante, générée par des matches conclus par des succès, il a commis le péché de succomber à la griserie, oubliant que le plus difficile était à venir. Résultat des courses : il a tourné le dos aux fondamentaux et plus précisément sur le chapitre des critères de sélection. N'obéissant qu'à sa propre logique, il a défié les règles et normes de ce chapitre sensible et capital en sélectionnant des joueurs en flagrant manque de temps de jeu avec leur club, et ce, au détriment d'autres très à jour dans ce domaine. Ses décisions en la matière ont contribué grandement à l'échec douloureusement ressenti par les Algériens. D'aucuns rétorqueront qu'il est maître dans ses choix. Nul ne peut le contester, malheureusement avec les résultats qui en ont découlé… L'Algérie a été éliminée avant le troisième et dernier match du groupe, trois buts encaissés et aucun de marqué. Le bilan parle de lui-même et se passe de commentaires. Avant le début de la CAN-2013, beaucoup avaient mis l'accent sur un facteur important, à savoir le manque d'expérience de la majorité des joueurs retenus, oubliant au passage que le coach aussi avait un déficit dans ce domaine. Avant l'entame du tournoi, lui ne comptabilisait que trois rencontres dans un tournoi final de la CAN. C'est très peu pour un patron d'une sélection manquant, elle aussi, cruellement de vécu dans cette compétition. La gestion du volet technique de la compétition par Vahid Halilhodzic n'a pas été un modèle, à l'image du reste du changement fréquent de son discours. Il n'a pas cessé de souffler le chaud et le froid au point où, finalement, personne ne savait quoi penser et, surtout, attendre des Verts à la CAN-2013. A ce stade de la réflexion, il est clair que le Bosnien n'est pas l'homme qui sied à la situation et qui cadre avec les ambitions légitimes de l'équipe d'Algérie de tenir un rôle et un rang à la hauteur des immenses investissements consentis pour le recruter, d'abord, et ramener des joueurs évoluant à l'étranger, ensuite, à même de donner un plus à la sélection. Sortir l'Algérie du piège des éliminatoires de la CAN, avec les énormes moyens déployés par la fédération, n'est sûrement pas au-dessus des possibilités d'entraîneurs algériens. Briller en Coupe d'Afrique, gagner des rencontres en Coupe du monde, c'est ce que les Algériens attendent d'un sélectionneur recruté à prix d'or. Sur ce qu'il a montré à la tête de la Côte d'Ivoire (CAN-2010) et présentement avec l'Algérie, il ne semble pas avoir l'étoffe du guide capable de hisser les Verts vers l'excellence. La Côte d'Ivoire lui a donné les bijoux de famille, il n'en a pas fait très bon usage. Avant lui, en Algérie, jamais un sélectionneur n'a disposé de moyens aussi conséquents pour mener à bien sa mission. Il est passé en travers de la CAN-2013. Et si ce n'était pas le technicien qu'il faut à la tête de l'équipe d'Algérie ? L'interrogation n'est pas déplacée.