Vahid Halilhodzic entame son aventure à la tête de l'équipe d'Algérie par un gros mensonge. Le 23 juin, sur les colonnes du quotidien français L'Equipe, il fanfaronnait : «Quand j'étais sélectionneur de la Côte d'Ivoire, Drogba avait de la concurrence. Je l'ai déjà mis sur le banc». Ce propos a surpris nombre d'observateurs étrangers qui ont suivi son parcours à la tête des Eléphants de Côte d'Ivoire. Il a même fait rire quelques confrères habitués à couvrir les matches des sélections africaines. Le nouveau sélectionneur des Verts serait bien inspiré d'indiquer le ou les matches où il s'est volontairement passé des services du capitaine de l'équipe de Côte d'Ivoire et attaquant de Chelsea. De mémoire de journalistes ivoiriens et de la presse internationale, jamais Didier Drogba n'a subi ce «supplice» de la part des sélectionneurs qui se sont succédé à la tête de la sélection Orange. Vahid Halilhodzic y compris. Venir claironner aujourd'hui : «Je l'ai déjà mis sur le banc» fait désordre. Deux fois sous les ordres du Bosnien, Didier Drogba était remplaçant. Mais pour des raisons disciplinaires ou choix tactiques, comme voudrait le faire croire le nouveau patron des Verts. Jugez-en. La première fois que l'attaquant ivoirien était remplaçant c'était le 10 octobre 2009, lors du déplacement des Eléphants au Malawi. La sélection de Côte d'Ivoire avait alors gagné tous ses matches avant ce déplacement à Blanthyre. C'était un match sans risque et Halilhodzic avait laissé Drogba souffler, avec son accord. Celui-ci est entré sur le terrain à la 64e minute de jeu alors que le Malawi menait 1-0. Moins d'une minute plus tard, Drogba égalisait. La seconde fois où il était remplaçant, c'était la même année, en éliminatoires de la CAN 2010 contre le Burkina Faso à Ouagadougou (victoire 3-2 de la Côte d'Ivoire, avec à la clef un but du capitaine Drogba). Il faut préciser qu'avant ce rendez-vous, la Côte d'Ivoire comptabilisait 12 points, 6 de plus que son adversaire du jour. Donc, il n'y avait aucun danger à laisser ce joueur sur le banc. Cette parenthèse sur le «courage» de Vahid se referme. Mis à part Spécial One (José Mourinho), aucun coach n'a eu le courage et le cran «d'inviter» Didier Drogba à prendre place sur le banc. Les archives sont là pour attester que le «fauve» a toujours été un inamovible titulaire au sein de l'équipe de Côte d'Ivoire. Vahid Halilhodzic est donc surpris en flagrant délit de mensonge. Il aurait pu faire l'économie de cette couleuvre qui entache quelque peu sa crédibilité. Il n'était pas obligé de s'adonner à cet exercice qui le confond aux yeux de ceux qui suivent de près l'actualité footballistique du continent. Ce (malheureux) épisode ne remet en rien ses capacités à diriger une sélection. Il n'avait nul besoin de ce «dribble» pour asseoir sa réputation de coach rigoureux et à cheval sur la discipline, son «dada». La question qui brûle les lèvres est la suivante : pourquoi Vahid Halilhodzic a-t-il menti au sujet de Didier Drogba ? Pour impressionner la galerie (algérienne) ? C'est raté ! Pour se convaincre de ce parjure, il suffit de visiter le parcours et les fiches techniques des rencontres de la Côte d'Ivoire depuis que la star ivoirienne évolue en sélection. Ni le Français Gérard Gili, ni Vahid Halilhodzic et encore moins le Suédois Sven Goren Ericson n'ont «osé» un jour aligner une équipe de départ de Côte d'Ivoire sans son leader naturel. Les rares fois où ce dernier n'était pas aligné d'entrée, c'est lorsqu'il était blessé. Jamais il n'a été écarté de l'équipe de base. Cette sortie de route de coach Vahid il faut, peut-être, la mettre sur le compte d'un trou de mémoire passager. En citant l'exemple de Didier Drogba, il voulait certainement parler de quelques souffre-douleur de la sélection de Côte d'Ivoire, à l'instar de «Gervais» Gervinho que beaucoup de grands clubs européens se disputent, Bakari Koné (Lakhwiya), Kader Keita (Essad), Salomon Kalou (Chelsea), tous des attaquants qui disputaient des bouts de matches, même si leur rendement était nettement supérieur à celui que le coach Vahid prétend «avoir mis sur le banc». Sans rancune coach.