Selon les chiffres de la Direction des mines et de l'industrie (DMI), le taux d'électrification dans la wilaya de Béjaïa, estimé à 99,6%, dépasse de plus de trois points la moyenne nationale. En d'autres termes, ce sont quelque 207 000 foyers électrifiés jusqu'à fin 2005. L'évolution des statistiques durant la décennie 1980 a donné une moyenne de 10 000 foyers électrifiés chaque année. Ce qui donne quelque 833 foyers électrifiés par mois. Approximativement, le nombre est dans la proportion des foyers de la wilaya qui restent à raccorder au réseau de Sonelgaz. Par simple extrapolation, ils auraient pu l'être déjà au premier, sinon au deuxième mois de l'année. Simple théorie puisque nous sommes au deuxième trimestre 2006. Des demandes d'électrification restent insatisfaites. Et dans le lot, il faudra compter les constructions illicites qui ne sont pas forcément dans le noir. Là, le phénomène des raccordements illicites est bien nourri. Il s'est avéré que des habitants de quartiers ou autres endroits non électrifiés procèdent à des branchements illicites sur le réseau de distribution ou s'alimentent à partir d'autres sources d'énergie électrique non autorisées. Des cas vérifiés comme, à titre d'exemple, le cas d'une cinquantaine de logements habités, bien que non électrifiés, à Barbacha. Raccordements illicites La débrouillardise a même amené à se procurer le courant électrique frauduleusement pour des cages d'escalier non électrifiées. En conséquence, c'est le réseau qui en reçoit un coup et accuse une saturation qui dicte, à son tour, des délestages et des coupures récurrentes. Cela au moment où certains abonnés se plaignent de ne pas recevoir les 220 v requis. Si le problème est celui de la sous-tension pour certains, pour d'autres c'est la surtension qui pose problème. A la Sonelgaz, on admet que le survoltage à partir de 220 v est dans la norme admise de 10%. Pour la saturation, « on n'avait pas prévu un si fort recours à l'électroménager ». A l'origine, « les postes transformateurs étaient installés pour des exploitations rurales de quelques foyers », a soutenu M. Ikhlef Abderahmane, directeur de Sonelgaz. L'hiver dernier, 14 avaries ont été constatées sur des postes transformateurs surexploités. 19 « transfos » ont été implantés la même année. Certains l'ont été après réclamation des citoyens, via notamment des pétitions. « Des pétitions sur demande de Sonelgaz », avait lancé un élu en pleine session de l'APW. Ajouté aux constructions qui se sont érigées et aux nouveaux besoins en électrification posés pendant et après l'établissement du bilan de la DMI, ce qui a suivi est en définitive autant d'éléments qui faussent quelque peu les données de la Sonelgaz et invitent à modérer les satisfactions. Après « la politique massive menée et soutenue par l'Etat depuis les années 1980 » en matière d'électrification, la donne semble être aujourd'hui refaite dans un cercle vicieux où il est ainsi naïf de croire à une couverture totale et effective de sitôt de la wilaya. Sonelgaz ne semble pas avoir les moyens de sa politique et pour cause. Pour pouvoir mener à bien son programme, son responsable a dû solliciter le concours de l'APW, ce qui a donné motif à certains élus de faire un « constat amer ». Dans 17 communes rurales, plus de 1500 foyers étaient programmés pour être électrifiés en 2005 dans le cadre du programme sectoriel. Soit 34 km dont 23 confiés à l'entreprise Dinelec et le reste à Kahrif. Fin janvier 2006, 15 km de réseau réalisés et 16 centres seulement sur les 44 programmés, ont été mis en service. Un faible taux de réalisation que Sonelgaz incombe à la première entreprise dont le chantier a été arrêté un mois après son lancement, d'où la résiliation du contrat au profit de Kahrif. Saturation Les retards accusés, pour d'autres motifs que nous évoquerons plus loin, se conjuguent à l'insuffisance des projets dégagés par les pouvoirs publics. La wilaya exprime un besoin d'électrification rurale de plus de 300 km de réseau moyenne et basse tensions (MT/BT). Elle n'a été satisfaite qu'à concurrence de 164 km dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance économique 2005-2009. Une offre d'à peine 51% pour le raccordement de 1 060 foyers ruraux et 4 750 autres foyers dans les quartiers et lots sociaux (QLS). Durant l'année en cours, les travaux devront commencer pour un tronçon de 41 km dans une vingtaine de communes. Les besoins qui émanent des municipalités sont exprimés pour plus que ça : 318 km de réseau MT/BT, 240 centres à électrifier et 6 264 branchements à effectuer. Sur la liste d'attente, des demandes insatisfaites pour 989 branchements d'électrification rurale, 309 branchements QLS et aussi 219 raccordements d'espaces agricoles. À ce propos, des élus ont souligné le cas des agriculteurs qui, à défaut d'alimentation en énergie électrique, continuent de faire tourner leurs exploitations au gasoil. De 2002 à 2004, 222 km de réseau MT/BT ont été réalisés, avec une moyenne de 74 km par année. En 2005, les réalisations ont été très loin de cette proportion : seulement 11 km. Les contraintes ? « Affectation tardive des programmes 2005-2009, induisant un lancement tardif des travaux ; relief de plus en plus difficile des centres restant à électrifier ; consistances allouées (physiques et financières) faibles face aux besoins formulés ; opposition quasi systématique des propriétaires terriens au passage des réseaux MT/BT ... » Les oppositions de citoyens qui empêchent le passage de lignes électriques sont en effet vérifiées sur la ligne Darguina-Béjaïa, ce qui a dicté une alimentation à partir du complexe THT/HT/MT d'El Kseur et qui transite par le nouveau poste à quatre départs installé depuis deux mois à Bir Slam. La ligne en projet de 220 kva sur 34 km de longueur et d'une soixantaine de mètres de large, et dont l'étude aurait été faite par un bureau bulgare, a traversé Darguina, Aokas, Tichy ,... à travers montagnes avant d'arriver à Boukhelifa où, semble-t-il, elle devra passer par des terres agricoles. A Tinebdar, un projet d'une autre ligne HT est bloqué pour les mêmes raisons d'opposition de la part des villageois. Ainsi, le moins de 1% théorique qui reste pour boucler la boucle donne l'image d'un secteur qui traîne du poids à deux pas de la ligne d'arrivée.