«La salle de soins et le bureau de poste sont fermés depuis 15 ans», dit un habitant d'un village dans la localité de Sidi Ali Bounab. Le développement des localités rurales de la wilaya de Boumerdès n'est pas encore à l'ordre du jour. Ceux qui y habitent doivent en effet patienter encore quelques années pour espérer une éventuelle amélioration de leurs conditions de vie. Car les projets inscrits par les pouvoirs publics pour les sortir du cercle du sous-développement avancent à pas de tortue. Plusieurs années après son lancement, le plan de proximité du développement rural intégré (PPDRI) peine toujours à atteindre la vitesse de croisière en matière de réalisation. Les services chargés de son suivi n'ont pas encore consommé le budget de 2010. Les opérations prévues au terme de l'année 2011 ont atteint un taux d'avancement de 10% alors que celles annoncées durant l'année écoulée ne sont pas encore entamées. La raison de ce retard serait liée principalement aux incohérences contenues dans les modalités d'application du programme, trop complexes eu égard à l'enchevêtrement des actions à entreprendre afin d'inciter les villageois à rester au niveau de leurs terres. Le conservateur des forêts fait état de 200 millions de dinars (MDA) qui ont été consommés durant l'année 2010 sur les 403 MDA dégagés par l'Etat. Aucune opération n'a été réalisée à temps. Même les aides pour les ruchers et les cheptels d'ovins et caprins se font toujours attendre. «Durant cette période on a pu aménager 140 km de pistes et 40 sources. Comme on a implanté 280 ha d'oliviers et 171 ha d'arbres fruitiers. Cela en sus d'autres actions, telles que l'entretien des puits et celles portant mise en valeur du foncier qui ont nécessité des études approfondies», indique notre interlocuteur. Mais d'aucuns soutiennent que ce genre de projets risquent de ne pas avoir beaucoup d'impact sur le vécu des populations rurales ; elles qui souffrent à ce jour du chômage, du manque de couverture sanitaire et de l'absence d'infrastructures de base. Ces PPDRI doivent donc être accompagnés par d'autres mesures en mesure de stopper l'exode et de repeupler les localités désertées durant la décennie noire à cause de la menace terroriste. «Nous manquons de tout ici. La salle de soins et le bureau de poste sont fermés depuis 15 ans. L'école primaire n'est pas encore réalisée. Le transport fait défaut à longueur d'année. Nos responsables doivent savoir que ce n'est pas avec le captage d'une source ou l'ouverture d'une piste qu'ils vont changer notre quotidien. D'ailleurs, mêmes les quelques têtes d'ovin, de bovin, et les ruchers…etc, promis en 2010 dans le cadre du PPDRI, ne nous sont pas encore octroyés», fulmine Madjid, un habitant d'Aït Slimane, un village perché sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab. Ce sentiment habite des milliers d'autres citoyens de la région, notamment ceux qui manquent des commodités les plus élémentaires à une vie décente. Les lenteurs constatées dans la concrétisation des PPDRI sont, selon un agronome de la région, la résultante du manque de vision des initiateurs du programme. Les entreprises devant se charger de la réalisation des projets prévus ont été créés en 2010, mais la plupart d'entre elles, à l'instar de l'entreprise régionale de génie rurale Zaccar, installée à Bouira, n'ont pas pu relever le défi en raison du manque de moyens matériels. Une situation qui a poussé les services concernés à décentraliser la gestion et le suivi du programme. Le conservateur des forêts affirme avoir confié ces projets à l'ERGR Djurdjura, dotée d'importants moyens lui permettant de rattraper le retard accumulé au fil des ans. Notre interlocuteur précise que même le mode d'octroi du cheptel et d'autres aides sera modifié dans les semaines qui suivent. Il a souligné que la liste des fournisseurs sera fixée par la tutelle, ajoutant que les critères de sélection de ceux qui vont en bénéficier ne sont pas encore arrêtée.