-Le traitement antiacnéique Diane 35 est actuellement sous les feux de l'actualité. Il serait à l'origine de sept décès en France. Pouvez-vous nous présenter ce médicament ? Diane 35 est un médicament associant 2 principes actifs : Acétate de Cyprotérone dosé à 2mg et de l'Ethinylestradiol à 35 microgrammes. Cette association permet à la fois de diminuer le taux d'androgènes (hormones mâles) circulant dans le sang et une action périphérique : au niveau de la peau (dans le cas de l'acné). Quoique sa formule (Oestro-progestatif) soit proche de celle de certaines pilules contraceptives, Diane 35 n'a obtenu son AMM (autorisation de mise sur le marché) que depuis 1987 pour le traitement de certaines formes d'acné de la femme. -Pourquoi alors cette molécule autorisée pour le traitement de l'acné est-elle utilisée comme contraceptif ? Diane 35, de par sa composition chimique, présente un effet anti-androgène puissant. Son efficacité sur les androgènes à l'origine de certaines formes d'acné s'associe à une inhibition de l'ovulation, donc à un effet contraceptif. Mais Diane 35 n'a jamais eu d'AMM comme contraceptif. -L'acné représente un motif fréquent de consultation en dermatologie, et en tant que dermatologue vous avez été amené à prescrire Diane 35. Avez-vous rencontré des complications avec ce traitement ? Dans ma pratique, je n'ai pas rencontré ces complications. Il est vrai que la prescription de Diane 35 en dermatologie obéit à des règles allant de la bonne indication et du respect des contre-indications au suivi clinique, biologique et échographique de la patiente. -Pouvez-vous nous détailler les cas d'acné qui nécessitent un traitement avec Diane 35 et les cas où sa prescription est interdite ? Diane 35 (ou autres médicaments ayant des propriétés similaires) est indiquée chez la femme dont l'acné survient tardivement ou ne répond pas ou récidive après un traitement bien conduit ; enfin si elle est associée à des signes cliniques d'hyperandrogénie (hirsutisme, alopécie AG) avec perturbations hormonales : SOPK (anomalies au niveau des ovaires)Diane 35, qui partage les mêmes contre-indications que les pilules dites de 3e et 4e générations ne doit pas être prescrite chez les patientes ayant des antécédents vasculaires personnels ou familiaux ou de risques cardiovasculaires, de diabète compliqué, de maladie du foie ou de cancer hormono-dépendant… -Le médecin traitant, outre un suivi clinique, fera des bilans biologiques régulièrement afin de s'assurer de l'innocuité du traitement. A vous entendre Docteur, on a presque envie de continuer à prendre la Diane 35 ? Le rôle d'un journaliste est de coller à l'actualité dans toute sa globalité. En tant que médecin, interpellé par les événements de cette actualité, je vous rapporte des faits objectifs tirés à la fois de ma formation ainsi que de ma modeste expérience sur le terrain. Demain, de nouvelles recommandations peuvent être édictées. Il nous incombe, à nous médecins, d'actualiser alors nos connaissances. C'est d'ailleurs ce que prévoit le code de déontologie médical dans son article 15 : «Le médecin a le droit et le devoir d'entretenir et de perfectionner ses connaissances» ; et l'article 45 stipule que «le médecin s'engage à assurer à ses malades des soins consciencieux, dévoués, conformes aux données récentes de la science…». Je peux vous dire que dans tous les manuels référencés en rapport avec le traitement hormonal de l'acné édités un jour avant l'éclatement de cette affaire, la Diane 35 était en pole position. -Mais il y a bien eu des décès suite à la prise de la Diane 35 ? L'AMM a engagé une procédure de suspension de sa commercialisation en France... A l'instar de la communauté médicale concernée par ce médicament, nous prenons acte. La science étant universelle, des informations plus précises verront certainement le jour bientôt. Notre autorité sanitaire planche certainement sur la question. L'Agence européenne du médicament (EMA) va procéder à un réexamen du dossier Diane 35 et de ses génériques.