Après trois jours de débats houleux, les travaux du comité central du FLN ont été clôturés, hier, par le plus âgé des membres du bureau politique, Abderrahmane Belayat, qui a annoncé la tenue «dans deux semaines» d'une session extraordinaire du CC pour l'élection d'un nouveau secrétaire général. Les opposants, quant à eux, préfèrent maintenir ouverte l'actuelle session… Les travaux de la session ordinaire du comité central (CC), qui ont débuté jeudi dernier avec le retrait de confiance au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, ont été clôturés, hier, dans la cacophonie et la polémique. L'annonce de la levée de la séance a été faite par le plus âgé des membres du bureau politique (BP), Abderrahmane Belayat. Seulement, M. Belayat, au lieu de déclarer le maintien de la 6e session ordinaire du CC ouverte, a préféré annoncer une réunion extraordinaire de l'instance consultative du parti pour l'élection d'un nouveau secrétaire général. La sortie de Belayat n'a offusqué personne parmi les opposants à Abdelaziz Belkhadem. «Vous voyez, sa voix tremblote, il ne sait plus ce qu'il dit. Il a tellement peur qu'il a prononcé n'importe quoi», a soutenu un membre du CC irrité plutôt par la présence à la tribune du huissier de justice. «Un huissier de justice qui dirige les travaux du comité central, ça ne s'est pas vu même au cinéma», peste un autre dans le hall de la salle de conférences de l'hôtel Riadh. Au moment où Sadek Bouguetaya, converti en un fervent supporter de Abdelaziz Belkhadem, visiblement échaudé par l'expérience de l'élection présidentielle de 2004, où il a soutenu le candidat Ali Benflis contre Abdelaziz Bouteflika, faisait une déclaration à une télévision privée dans laquelle il affirmait la victoire de son camp, Abdelkrim Abada, la cheville ouvrière de la contestation contre le secrétaire général déchu du FLN, mettait l'accent sur la levée, le jour même de la destitution de Abdelaziz Belkhadem, des travaux du CC tout en laissant la session ouverte. Pour lui, Abderrahmane Belayat, secondé par le très agité Si Afif, membre du BP, «ne sait pas ce qu'il dit». La preuve, selon lui, est le fait qu'il n'y a pas eu de clôture officielle avec l'hymne national. M. Abada a déclaré que la page Abdelaziz Belkhadem est définitivement tournée. Il y aura dans 15 jours une autre réunion du CC pour élire un nouveau secrétaire général, après de larges consultations politiques. C'est ainsi donc qu'ont pris fin les travaux de la session du CC qui ont duré trois longues journées à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. La levée de la séance a été faite sans Belkhadem qui est revenu à la salle de conférences hier dans la matinée avant de s'éclipser dans l'après-midi. Il faut dire que le désormais ex-secrétaire général du FLN a réussi à tenir en haleine l'opinion publique. Selon des sources crédibles, il n'aurait jamais organisé des élections s'il avait le moindre doute qu'il ferait l'objet d'un retrait de confiance. Il aurait même préparé un discours de circonstance pour sa reconduction. A chaud, après l'annonce du verdict de l'urne jeudi, un résultat qui le donnait perdant avec 156 voix contre 160 de ses opposants, il a réagi avec sagesse. Mais ce n'était que pour un moment. Pour des raisons qu'on ignore – la plus apparente est sans doute l'obsession du pouvoir –, il est revenu dans l'après-midi avec l'esprit d'un trouble-fête, pour tenter un retour en l'absence dans la salle des membres du CC qui l'ont fait descendre de son piédestal. Il a essayé vainement d'organiser une élection de secrétaire général. Hier matin, c'est le coordinateur des contestataires du CC qui a organisé une conférence de presse à l'hôtel Riadh, en insistant sur l'illégalité de l'action de l'ex-secrétaire général du parti qui a tenté de précipiter les événements en mettant en place une commission de candidatures. Abdelaziz Belkhadem a visiblement échoué. Pour Abdelkader Hadjar, «il est fini». Il n'a, selon lui, «pas le droit de se présenter au poste duquel il a été évincé». «C'est vrai qu'il n'y a aucune disposition statutaire qui l'interdit, mais le secrétariat général du FLN est un poste éminemment politique, et la morale et l'éthique politiques voudraient qu'il ne revienne plus», dira-t-il. «Ce ne serait pas sérieux que le comité central qui lui a fait un retrait de confiance la lui renouvelle 15 jours après», lancera l'ambassadeur d'Algérie en Tunisie. Une autre membre du CC, bien rompu aux manœuvres au sein du FLN, lâchera en parlant de Abdelaziz Belkhadem : «Il y a deux morts desquelles on ne revient pas : la mort politique et la mort naturelle.» Pour l'instant, il n'y a pas de candidatures pour le poste vacant du secrétaire général. Mais on parle d'ores et déjà de Abderrezak Bouhara pour gérer la transition jusqu'au prochain congrès du parti.