Constantine est donc désignée par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alecso), capitale de la culture arabe en 2015. Une manifestation qui se traduit par des activités culturelles visant à restituer à la capitale choisie son rayonnement historique et à promouvoir la ville sur le plan international. En somme, Constantine, capitale de la Numidie, sera enfin sous les feux des projecteurs, après qu'elle ait été culturellement «éteinte» depuis des lustres. A ce titre, on s'interroge si cette ville antique sera à la hauteur de l'événement ? Que va-t-elle offrir, voire innover, pour subjuguer les visiteurs ? Les deux années qui nous séparent de ce rendez-vous culturel suffiront-elles pour redorer le blason terni de l'antique Cirta ? Contrairement à des villes comme le Caire, Damas, Tunis ou Beyrouth qui ont antérieurement abrité cette manifestation, Constantine souffre depuis toujours de l'absence d'une infrastructure digne de ce nom, susceptible de constituer le porte-flambeau de la culture, afin de la cultiver et d'en imprégner la population. A défaut, les Constantinois ont dû se contenter d'une maison de la culture érigée au niveau de l'ancien garage Citroën, ou encore d'une annexe pompeusement appelée Palais de la culture, loin de répondre aux attentes et aux aspirations d'une population élevée dans l'inculture. Une inculture savamment orchestrée, insidieusement menée par certains responsables et qui a conduit à la fermeture, tour à tour, des prestigieuses salles de cinéma de la ville du Vieux Rocher. Celle-ci s'est alors refermée sur elle-même telle une huître, avant de s'emmurer dans ce même rocher, sans perspectives, sans pouvoir porter un regard neuf sur le monde. Devenir capitale de la culture arabe pendant une année sera un réel tournant pour Constantine, pour laquelle les décideurs vont être désormais aux petits soins. Au niveau de la direction de la culture, on parle déjà de la réouverture des salles de cinéma, après plusieurs années d'obscurantisme, ainsi que de la construction de nouvelles infrastructures culturelles à la hauteur de l'événement. Constantine prendra donc sa revanche sur le laisser-aller, la déliquescence, le laxisme et le silence méprisant avec lequel sont traitées les revendications des promoteurs de la culture et tous les artistes méconnus ou marginalisés. Pendant une année, en effet, le cinéma, la musique, le théâtre, les livres et les arts plastiques donneront le tempo à une ville jusque-là en hibernation, et ce, grâce aux échanges culturels avec les autres pays arabes. Enfin, pour réussir cette manifestation, l'antique Cirta devra être soumise à un sérieux toilettage, mais aussi améliorer ses capacités d'accueil en matière d'hôtellerie et de restauration. Outre cela, il devient impératif que Constantine se débarrasse au plus vite de la décharge municipale située sur la route de Aïn Smara et qui répand ses odeurs pestilentielles sur plusieurs kilomètres. Une décharge à l'entrée de la ville ne fait sûrement pas honneur à une cité millénaire désignée pour être la capitale de la culture arabe ! Cela étant, débattre des atouts logistiques et organisationnels de la capitale de l'Est, à même de lui permettre de réussir le cap de l'année 2015, semble, pour l'heure, un peu prématuré. Trop même, tant il est vrai que la priorité est plutôt… à la mise à niveau de l'infrastructure culturelle et des annexes adjacentes.