Argo, disponible en qualité DVD en Algérie, est en course pour les Oscars qui auront lieu le 24 février. Le film raconte comment la CIA a exfiltré les six diplomates américains qui ont fui la prise d'otages du 4 novembre 1979 en Iran. Une crise qui a duré 444 jours et qui a pu se dénouer grâce à la médiation des Algériens. Abdelkrim Ghrieb, à l'époque en poste à Téhéran, fut un des interlocuteurs directs des Iraniens. Il se souvient. Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants proches du nouveau maître des lieux, l'ayatollah Khomeini, envahissent l'ambassade américaine de Téhéran et prennent 52 Américains en otages. Mais au milieu du chaos, six diplomates réussissent à s'échapper et à se réfugier au domicile de l'ambassadeur canadien. Sachant qu'ils seront inévitablement découverts, un spécialiste de «l'exfiltration» de la CIA, du nom de Tony Mendez (joué par Ben Affleck, également réalisateur, pour la troisième fois après Gone Baby Gone et The Town), monte un plan risqué qui consiste à faire passer les six détenus pour une équipe de tournage venue faire des repérages sur place. Si Argo parvient en trois minutes chrono à résumer trente ans d'histoire de l'Iran, il n'en demeure pas moins un bon film d'espionnage avec un cinéaste qui filme l'urgence, la crise et les accès de violence tout en sachant tempérer la cadence lors de séquences humoristiques réussies. Entouré des acteurs Alan Arkin, John Goodman et Bryan Cranston, Ben Affleck a opté pour un jeu sobre, restant finalement très en retrait, à l'image de son point de vue sur ces évènements qu'il relate sans prendre parti mais avec beaucoup d'intelligence. Seul bémol : les spectateurs tatillons pourront s'agacer des raccourcis et des caricatures sur la révolution iranienne. Pire : le film omet d'évoquer l'échec retentissant de l'opération Serres d'Aigle - Eagle Claw. Après la rupture des relations diplomatiques avec l'Iran, le président Carter avait autorisé une intervention aéroportée qui tournera au cauchemar. Trois hélicoptères sur huit arrivés à destination sont immédiatement hors service, un quatrième percute un gros porteur C-130 Hercules et s'écrase, faisant huit morts. Argo est à classer dans la droite ligne du cinéma politique et critique des années 70 – Les Trois jours du Condor de Sydney Pollack (1975) et Les Hommes du Président d'Alan J. Pakula (1976) – même si on sent bien que Ben Affleck s'est emparé d'un événement très peu connu du grand public pour en faire un sujet porteur.