-Selon nos informations, ArcelorMittal Annaba traverse une très grave crise financière. L'entreprise reconnaît que, depuis le mois d'octobre 2012, elle a atteint un niveau critique de cessation de paiement. Pouvez-vous nous renseigner sur cette crise financière ? Effectivement, cette crise financière a pris de l'ampleur depuis la mise en œuvre de la politique de désinvestissement total prôné par le groupe ArcelorMittal au complexe d'El Hadjar. D'ailleurs, la ligne de crédit de 5 milliards de dinars octroyée par la BEA pour le fonctionnement du complexe a déjà été consommée.La situation financière rend les collectifs très inquiets et un conflit social couve. Il faut trouver très vite une solution, apporter une nouvelle vision et faire évoluer rapidement cette usine, car le marché est en pleine croissance et le seuil des importations de produits sidérurgiques a atteint 80%. -Le plan d'investissement de 200 millions de dollars annoncé le 7 mars 2012 par ArcelorMittal Annaba traîne toujours et la convention d'avantages de l'ANDI n'a pas encore été signée à ce jour, Qu'en est-il ? Effectivement, le plan industriel soumis par ArcelorMittal aux pouvoirs publics ne prend pas en considération l'introduction de nouvelles technologies telles que l'implantation d'une ligne de réduction directe (DRI) comme priorité. Ce même plan est en cours de finalisation et le draft a été soumis pour avis à un cabinet de conseil (Laplace Conseil) de renommée internationale dans le secteur de la sidérurgie. -Si la modernisation du complexe par l'installation du procédé moderne de réduction directe (DRI) se concrétise, qu'adviendra-t-il de l'ancienne usine et des mines de Ouenza et Boukhadra (Tébessa) ? C'est inévitable. Il faut aller vers le procédé de réduction directe (DRI), qui est beaucoup plus efficace dans les pays producteurs de gaz. Beaucoup de pays, tels que l'Indonésie, le Venezuela et même du Proche-Orient, ont investi dans cette technologie. L'Algérie est un producteur de gaz et cette technologie sera rentable pour nous. Actuellement, 11 projets sont lancés aux USA pour une production de 25 millions de tonnes/an. L'Algérie aura, pour ses besoins du marché national, 10 millions de tonnes de produits sidérurgiques à l'horizon 2025. Seulement, on doit maintenir le procédé de la sidérurgie classique en activité pour une autre décennie et aller dès aujourd'hui vers la sidérurgie moderne. Quant aux mines de Ouenza et Boukhadra, elles doivent rester en activité. Il suffira de lancer un plan de développement pour les mines basé sur la réhabilitation des moyens logistiques pour le traitement du stérile (7 tonnes de stérile = une tonne de fer pur) à l'effet d'une exploitation rationnelle du minerai. Ce qui n'a pas été fait par ArcelorMittal durant ces dix années de partenariat. ArcelorMittal n'a fait que suivre le filon uniquement, sans aucun investissement digne de ce nom. Nous avons des gisements d'une durée de 50 ans, il est temps de penser à l'implantation d'une unité d'enrichissement du minerai à proximité des mines. -On parle d'un plan de redressement global, y compris le projet de restructuration du capital présenté le 6 février au ministre de l'Industrie. Peut-on en savoir plus sur le contenu de ce plan ? Un comité mixte ArcelorMittal-Sider a été mis en place avec pour mission d'élaborer conjointement un plan de redressement industriel durable pour assurer la pérennité des activités du complexe d'El Hadjar à moyen et long termes, de recourir à une expertise internationale à l'effet d'intégrer de nouveaux processus technologiques rentables dans la filière sidérurgique nationale, de renégocier l'apport financier éventuel de chacun des actionnaires avec la décision de revoir la restructuration (recapitalisation) du capital de la société à raison de 51/49%. Un délai de trois semaines a été fixé au groupe de travail pour finaliser ce plan, qui sera soutenu par toutes les parties. -L'option 51/49% retenue par les deux parties sauvera-t-elle le complexe sidérurgique d'El Hadjar ? La règle 51/49% retenue par les deux parties est incontournable et c'est la seule démarche qui sauvera le complexe sidérurgique d'El Hadjar. Il suffit d'y croire et d'y aller. Nous avons un potentiel industriel et pas des moindres, un savoir-faire avéré, des managers algériens possédant une grande expérience dans la sidérurgie et un gouvernement qui prône une nouvelle vision technico-économique avec une approche sociale. Selon mes informations, il suffira que Sider injecte 200 millions de dollars pour écraser la quote-part d'ArcelorMittal dans le capital et devenir actionnaire majoritaire. -On évoque également un problème de pacte social, notamment le retard dans le renouvellement du syndicat d'entreprise. Pouvez-vous nous expliquer le problème ? Avant de parler de pacte social, la direction d'ArcelorMittal doit appliquer les accords collectifs conclus avec le syndicat depuis 2011, tels que la mise en place de la nouvelle grille des salaires, les organigrammes, le dossier de recrutement, l'accord salarial, etc. Après l'application des accords cités supra, le syndicat pourra commencer à discuter d'un pacte social et procéder au renouvellement du syndicat, en collaboration avec la centrale syndicale UGTA.