À ce jour, la population mondiale s'élève à 6,4 milliards d'habitants. 870 millions d'entre eux souffrent de faim chronique (soit un individu sur sept). Près de 850 millions de personnes souffrant de ce mal vivent dans des pays en développement (soit l'écrasante majorité), et ce, selon le rapport publié par Les Nations unies en 2012 sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde. Si on venait à comparer avec les données de 1996, la planète comptait près de 823 millions de personnes en situation de sous-alimentation. Force est de constater que si au cours des dernières décennies la proportion de la population humaine sous-alimentée a diminué, en termes de nombre de personnes, le chiffre est resté quasiment le même. Par ailleurs, selon les démographes, à l'horizon 2050, la population mondiale devrait passer de 6,4 à 9 milliards d'habitants. Il est clair que la population en question n'est pas vouée à l'insécurité alimentaire pour la vie entière. En effet, la sous-alimentation n'est pas le fait de la nature, c'est un fait humain et social, elle est tributaire des décisions prises par l'homme. Dès lors, se pose la question suivante : quelles mesures devraient être prises pour assurer la sécurité alimentaire de 9 milliards d'habitants si à l'heure actuelle on a du mal à nourrir 7 milliards ? Il est clair que pour relever le défi et assurer la sécurité alimentaire des populations, il n'existe pas de recette miracle, une sorte de «one best way». Cependant, des pistes de solutions à exploiter ont été présentées par la communauté des chercheurs et spécialistes, qu'ils soient biologistes, agronomes, économistes ou autre. On parle alors de solutions suivantes : 1- L'extension des terres agricoles La pression démographique grandissante allant de pair avec un rythme d'urbanisation soutenu placent les parties prenantes face à une difficulté majeure pour gagner de nouvelles terres productives. Cela nous amène à nous demander comment augmenter la proportion de terres agricoles alors que des villes s'étendent sur celle-ci ? Par ailleurs, pour ce qui est de l'extension des terres agricoles, d'autres facteurs sont à prendre en considération. Si on prenait l'exemple de l'Algérie, les étendues désertiques du sud du pays entravent l'extension de l'agriculture irriguée dans la région. Ce qui fait que seuls 17% de la superficie globale du pays sont utilisés par l'agriculture, tandis que les terres improductives (steppe et Sahara) s'étendent à 80% de cette superficie. 2- L'amélioration du rendement des terres agricoles On entend par cela l'amélioration du rendement à l'unité de surface (pour une même surface). Néanmoins, cette mesure est une arme à double tranchant. Elle peut conduire à la dégradation des terres en question, voire même à un phénomène de déforestation. Il faut alors faire en sorte de ne pas nuire à la planète. 3- L'intensification Il s'agit de moderniser l'activité agricole qui passe par l'adoption des techniques les plus sophistiquées du domaine. Et ce par le biais soit de la mécanisation (remplacer l'homme par la machine et gagner en productivité) ; soit l'introduction de variétés de semences plus performantes (variétés hybrides produites en laboratoires ou alors les organismes génétiquement modifiés : OGM qui consiste en la modification des éléments cellulaires de la plante). S'agissant des OGM, il convient de noter que leur introduction conduit bel et bien à l'explosion des rendements agricoles, sauf que la communauté scientifique n'est pas encore fixée sur les effets qu'ils peuvent avoir sur la santé. L'intensification passe également par l'usage des intrants agricoles (engrais et produits phytosanitaires) ; l'irrigation, autrement dit le passage d'une agriculture pluviale (surtout pour le cas d'un pays semi-aride comme l'Algérie), à une agriculture irriguée, ce qui marquerait la fin de la dépendance vis-à-vis des conditions climatiques. L'ensemble de ces éléments ont été introduits pour la première fois en Europe lors de la révolution industrielle. Ensuite entre les deux guerres, pour être également utilisés après pendant la révolution verte (en dehors de la mécanisation), lors de laquelle cet usage a été extrêmement bénéfique. 4- Redonner aux terres disponibles leur vocation agricole Certains produits agricoles ne seraient pas consommés en tant que tel (maïs, canne à sucre, soja, colza). Aux Etats-Unis, à titre d'exemple, 30% des récoltes de maïs sont destinées à la production de carburant et non à l'alimentation humaine. 5- Le commerce international Les Etats se montrent de plus en plus soucieux d'encourager la consommation et d'assurer un plus grand accès aux produits pour les citoyens, afin d'apaiser les tensions sociales. Cette politique implique l'encouragement des produits importés à moindre coût que les produits locaux, ce qui cause parfois la disparition de quelques-uns. Simplement, nonobstant le fait que le développement de l'agriculture soit un moyen de lutte contre la problématique de la sous-alimentation dans le monde, ce n'est pas le seul secteur qui endosse ce rôle. Il est vrai qu'on améliore l'alimentation d'un pays lorsqu'on agit sur l'agriculture. Par contre, l'alimentation est un processus plus large, même si on a tendance à confondre lamentablement entre ce qui relève de l'agriculture et ce qui relève de l'alimentation. En Algérie, par exemple, les produits qu'on consomme le plus sont les huiles, le sucre, le café, le thé et les œufs. Ce sont là des produits industriels que l'agriculture est en charge de fournir les matières premières de base à leur production. L'alimentation est donc tributaire du couple indissociable : agriculture (qui constitue la base) / industrie/agroalimentaire (le moteur). En effet, c'est l'industrie qui crée de l'emploi et donc le pouvoir d'achat. Or, plus le pouvoir d'achat est important, mieux le peuple peut se nourrir, soit par l'acquisition de produits locaux, soit les produits importés, à condition que la balance soit équilibrée. Pour finir, on peut dire que la résolution du problème alimentaire passe par la résolution d'un problème socioéconomique. Il ne faut pas croire à tort qu'assurer la sécurité alimentaire relève du rôle exclusif de l'agriculture. Il faudrait donc agir de façon transversale, mais agir vite, ne dit-on pas que «la faim est la principale cause de mortalité dans le monde. Elle tue plus que la guerre». (Ziegler Jean, politique et sociologue suisse).