L'édition de livres dans la ville de Tizi Ouzou a connu une grande percée ces cinq dernières années. Ce nouveau créneau a attiré de nombreux amoureux du livre. Parmi ces derniers, Ali Oubellil a pu avoir une place respectable sur la scène éditoriale. Ce dernier a décidé de s'ouvrir au livre après avoir exercé pendant plusieurs années le métier de diffuseur de livres. Depuis 2003, cet éditeur a livré aux librairies et aux lecteurs pas moins de vingt-cinq livres, dont la grande majorité est, ou bien écrite directement en tamazight, ou bien est inhérente à la langue berbère. C'est la maison d'édition l'Odyssée qui vient de publier, pour la première fois dans l'histoire, le premier dictionnaire kabyle-kabyle, réalisé par l'universitaire Kamal Bouamara. Mais avant cela, la maison d'édition a déjà participé, à sa manière, à la promotion de la langue amazighe, en prenant en charge la totalité des frais d'impression de plusieurs ouvrages dans le même domaine. Ainsi, l'Odyssée est derrière d'édition du Fils du pauvre en tamazight Mmis n igellil, dont l'adaptation a été réalisée par Moussa Ould Taleb. L'Odyssée a également édité le roman en tamazight Nnig Ussenan de Boualem Rabia, Yella zik nni (contes) de Salem Zenia, Imetti n bab idurar de Akli Kebaïli ainsi que six volumes des contes kabyles de Shamy (Abdelkader Chemini du groupe de chants Les Abranis). La même maison d'édition a, à son actif, de nombreux ouvrages écrits en langue française mais dont la thématique est inhérente à l'amazighité ou à la Kabylie, comme Tanekra ou la Kabyle révoltée du journaliste Rachid Si Ahmed, L'Algérie, période coloniale Kabylie et Bougie, Florilège de poésie kabyle, Recherches sur l'origine des berbères, Mammeri a dit, Dictionnaire des noms et prénoms berbères et une réédition de l'Ane d'Or d'Apulée. En effet, l'Odyssée, en plus de l'édition de nouveaux ouvrages, s'est investie également dans la réédition des grandes oeuvres que le lecteur ne peut pas trouver sur le marché. D'ailleurs, parmi les projets de l'Odyssée pour cette année, Ali Oubellil annonce Essai sur la littérature des berbères et Dialogue islamo-chrétien, la kalaâ des Beni Hammed... Cette même maison d'édition encourage aussi les auteurs de la région de Tizi Ouzou à l'image de l'universitaire Dalila Arezki. Son dernier ouvrage vient de paraître chez cette maison d'édition. Il s'agit d'un livre intitulé Psychopédagogie pour une relation harmonieuse et un échange fructueux entre enseignants et enseignés. Dalila Arezki a déjà publié chez le même éditeur Méthodologie de la recherche graduée et postgraduée. Ali Oubellil explique que c'est en fréquentant les autres éditeurs que l'idée de lancer sa propre maison d'édition lui est venue. La spécificité de la maison d'édition d'Ali Oubellil est le fait que les livres proposés par les auteurs et retenus par la commission de lecture sont entièrement pris en charge par la maison d'édition. «Nous n'avons jamais fait payer un auteur. Quand un livre n'est pas retenu par la commission de lecture, nous orientons l'auteur vers un autre éditeur qui assure l'impression à compte d'auteur. Tous les livres que nous avons édités ont été financés à 100% par nos soins», explique notre interlocuteur, rencontré dans son bureau, situé à 500 mètres du nouveau lycée. La maison d'édition l'Odyssée de Tizi Ouzou a lancé une collection de livres en tamazight ou sur l'amazighité, appelé Aru, études et textes amazighs. Ali Oubellil précise aussi qu'il ne laisse pas traîner les ouvrages retenus. Les livres déposés à son niveau et acceptés par la commission de lecture sont publiés parfois dans un mois et au maximum trois mois lorsque le travail nécessite beaucoup de corrections. Quant à ce penchant avéré qu'a sa maison d'édition pour le livre amazigh, Ali Oubellil répond qu'on ne peut pas faire de la culture en ignorant la sienne. Contrairement à ce qui se colporte, notre interlocuteur révèle que le livre écrit en tamazight se vend très bien. Ali Oubellil explique que, par exemple, les romans en tamazight se vendent beaucoup mieux que les romans écrits dans les langues française et arabe. Selon le même éditeur, le marché du livre amazigh existe et il est foisonnant. La maison d'édition se porte donc bien malgré la fermeture de sa librairie située au centre-ville de Tizi Ouzou, il y a quelques semaines, à cause de la cherté du loyer. L'Odyssée, dont le sérieux des livres peut se vérifier sur le terrain, n'a jamais bénéficié de subvention de la part du ministère de la Culture bien qu'elle ait proposé une série de livres dans le cadre du Fonds du livre. Les livres publiés par les éditions l'Odyssée sont disponibles dans 200 librairies réparties dans les quatre coins de l'Algérie.