-Quels sont les domaines privilégiés dans la sélection des projets, tenant compte des besoins et des potentialités des régions ciblées ? Les projets soutenus sont rigoureusement sélectionnés. Ils doivent tout d'abord répondre aux critères de l'appel à projets. Il doit s'agir de projets portés par des associations qui favorisent l'autonomie économique des jeunes : accompagnement des jeunes à la recherche d'emploi ou à la création d'entreprises, formation professionnelle, initiatives visant la création d'activités ou sources de revenus pour les jeunes, mise en réseau et renforcement des partenariats avec les acteurs publics et privés intervenant sur ces questions… Si le projet est présélectionné, il fait ensuite l'objet d'une sélection rigoureuse qui analysera sa pertinence au regard des besoins et potentialités dans la zone concernée et des moyens qu'il entend mettre en œuvre. Nous attachons notamment une très grande importance à ce que les projets s'inscrivent dans les dispositifs publics et le tissu économique local. -Le mouvement associatif en Algérie est-il suffisamment structuré pour conduire des projets de cette envergure ? Il ne s'agit pas forcément de projets de grande envergure mais plutôt d'une multitude de petits projets concrets qui s'inscrivent dans une dynamique locale. C'est précisément cette proximité de ces associations avec les jeunes sur le terrain et les acteurs étatiques et privés comme les entreprises, qui fait que des solutions concrètes sont apportées aux jeunes. Les associations servent souvent de trait d'union entre les jeunes, les employeurs et les services supports de l'Etat. Pour renforcer le professionnalisme des associations, la Fondation de France facilite en outre les échanges entre les associations sur leurs pratiques entre les trois pays concernés par l'appel à projets. Chaque année, un séminaire d'échange est organisé. En 2009, ce séminaire avait eu lieu à en Algérie, à Tipasa et a porté sur la place et le rôle des associations pour l'insertion des jeunes. Il y a deux semaines, il a eu lieu au Maroc et a permis à de nombreuses associations algériennes, tunisiennes et marocaines d'échanger sur leurs pratiques en matière d'accompagnement des jeunes et sur la manière de développer des partenariats avec les institutions publiques et le secteur privé. -La Fondation de France a-t-elle déjà eu à monter des projets de cette nature dans les pays du Maghreb. Si oui, peut-on en avoir un aperçu, notamment en Algérie ? La Fondation de France est un organisme privé créé en 1969, qui soutient des projets concrets et innovants dans trois domaines : l'aide aux personnes vulnérables, le développement de la connaissance et l'environnement. Reconnue d'utilité publique, la Fondation de France est indépendante, ne reçoit aucune subvention et ne peut agir que grâce à la générosité de ses donateurs et des 700 fondations qui sont sous son égide. La Fondation de France est intervenue pour la première fois en Algérie à la suite du séisme de 2003 à Boumerdès pour appuyer plusieurs projets de soutien psychologique et de reconstruction. Outre les quelque 4 millions d'euros qu'elle avait collectés en France, la Fondation de France avait également reçu un important don de l'équipe de France qui avait gagné la Coupe du monde de football en 1998, et initié la visite de Zinedine Zidane en Algérie à la fin de l'année 2006. En 2007, la Fondation de France a lancé un nouveau programme intitulé «Méditerranée, d'une rive à l'autre» en Algérie, au Maroc et en Tunisie. A l'origine il s'agissait de soutenir les associations intervenant dans le domaine de l'enfance et de la jeunesse et d'encourager les partenariats associatifs entre les deux rives de la Méditerranée sur ces questions. La problématique du chômage des jeunes revenait assez souvent dans les demandes de financement, aussi avons-nous recentré l'appel à projets en 2010 sur cette thématique. Depuis 2007, plus d'une soixantaine de projets mis en place par des associations algériennes ont été soutenus pour un montant total de 758 135 euros. -Qu'en est-il des contraintes bureaucratiques et lourdeurs administratives ? Il existe des contraintes bureaucratiques et lourdeurs administratives dans tous les pays, y compris en France. Le chômage des jeunes est un défi complexe, multiforme qui implique de nombreux acteurs à différents niveaux. La tâche est gigantesque. Ce n'est facile ni au Maghreb ni en France. Personne ne prétend avoir la solution miracle, mais tout le monde s'accorde à dire qu'il faut pouvoir travailler main dans la main. Les associations peuvent certainement jouer un rôle de passerelle. A notre petite échelle, nous essayons de soutenir des initiatives innovantes dans ce domaine. Nous finançons par exemple en Algérie un projet pilote d'accompagnement des jeunes à la création d'activité «Bab El Amel» mis en place par l'Association nationale des échanges entre jeunes (ANEJ) en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), l'Agence nationale pour la gestion du micro-crédit (Angem), l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), l'Agence nationale de l'emploi (Anem) et l'Agence de développement social (ADS). Ce projet vise à offrir aux jeunes un guichet unique permettant de les orienter vers les dispositifs appropriés à la réussite de leur projet. -Y a-t-il un changement de stratégie ou de vision dans l'affectation/sélection des projets auprès de la Fondation de France depuis le Printemps arabe ? Il n'y a pas eu à proprement dit de changement de stratégie, si ce n'est que cela nous a confortés dans l'idée que cette question est plus que jamais d'actualité. Nous nous sommes bien sûr adaptés au changement, tout particulièrement en Tunisie. Nous avons ouvert une deuxième session de l'appel à projets 2011 pour la Tunisie pour permettre aux associations qui n'avaient pas pu postuler en début d'année de le faire et pour donner une chance aux nouvelles associations créées cette année-là de déposer un dossier.