L'investissement agricole dans le cadre du dispositif Ansej bute sur des blocages énormes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Sur les 4500 microentreprises créées dans la wilaya depuis le lancement de cette formule de promotion de l'investissement en 1998, une grande partie des coopératives agricoles a du mal à connaître leur essor. Le directeur de l'antenne l'Ansej de Tizi Ouzou , M. Zitoune, tout en restant optimiste, avance un taux de près de 4% seulement d'échec de ces microentreprises et les jeunes promoteurs qui ont opté pour les différentes filières agricoles sont les plus touchés par la faillite. Pour ce responsable, les difficultés qui touchent l'agriculture sont dues principalement aux différentes crises vécues, telles les inondations de l'année dernière et la psychose que continue à provoquer le syndrome de grippe aviaire qui a porté un coup dur à la filière avicole ces trois derniers mois. Le caractère spécifique de cette branche d'activité ne fait que compliquer davantage la situation. M. Zitoune reconnaît, à cet égard, qu'il est difficile de faire des prévisions dans le secteur de l'agriculture. « Les études technico-économiques, qui précèdent le lancement du projet demeurent prévisionnelles et souvent des facteurs conjoncturels, entrent en jeu pour fausser tous les calculs préalablement établis par les promoteurs, comme la sécheresse et les maladies qui touchent les cheptels par exemple », dira le directeur de l'Ansej. Face à cette situation de crise, le remboursement des crédits contractés dans ce cadre s'est avéré un défi insurmontable pour les jeunes agriculteurs. La cessation de paiement touche une grande partie des investisseurs, que ce soit ceux qui ont bénéficié des avantages de l'Ansej ou du Plan national de développement agricole PNDA. Il y a deux mois, le directeur de la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA) de Tizi Ouzou a avancé le chiffre de 12,5 milliards de dinars de crédits que son organisme n'arrive pas à recouvrer. L'on se souvient du feuilleton de la grève de la faim enclenchée en novembre 2005 par les agriculteurs en cessation de paiement de la wilaya de Tizi Ouzou revendiquant un effacement pur et simple de leurs dettes auprès des banques et de l'Ansej. Depuis, la crise perdure et aucune issue, en mesure de satisfaire toutes les parties, n'a été trouvée. Bien que les agriculteurs contestataires viennent de bénéficier d'un rééchelonnement de leurs dettes sur une année, ce traitement n'est point perçu comme une solution au problème. L'effacement des dettes que réclament énergiquement les agriculteurs est loin d'être envisagé par les pouvoirs publics. Le directeur des services agricoles (DAS) de la wilaya a réfuté récemment tout éventuel recours à cette solution. « Les dettes contractées par les agriculteurs dans le cadre de l'Ansej ne peuvent pas être effacées », dira catégoriquement le DAS de Tizi Ouzou il y a quelques jours. Du côté des coopératives agricoles, la tension persiste. Près de 200 investisseurs dans les différentes filières agricoles font part des pressions multiples que leur font subir les banques, les harcelant continuellement et les menaçant de procéder à des saisies s'ils n'arrivent pas à rembourser leurs dus. M. Moula, un promoteur dans la filière avicole est catégorique : « Il faudra un traitement spécifique pour l'agriculture et un calendrier de remboursement étudié qui permettra au promoteur de ne rembourser que lorsque la saison est bénéfique ». M. Moula, qui a opté pour l'élevage de la poule pondeuse, relatera ensuite sa mésaventure : « Pour une batterie de 2400 poulets, la banque m'a prêté 109 millions de centimes et l'Ansej 31 millions. La première année, j'ai pu rembourser 47 millions du prêt bancaire mais depuis, c'est la crise ».