Dans la rue, dans le milieu familial ou professionnel, les femmes sont exposées à toutes sortes de violences, physiques, psychologiques, symboliques mais aussi institutionnelles. Cependant, il n'existe aucune loi précise pour les protéger et les défendre. Le réseau Stop à la violence, qui regroupe plusieurs associations de protection de la femme, se bat pour que le législateur introduise une loi criminalisant les violences faites aux femmes. Une campagne de sensibilisation avait été menée, l'année dernière, auprès des parlementaires, dont une cinquantaine avait donné une suite favorable à cette proposition. «Elle avait abouti au dépôt d'un projet de loi, qui était sur la table de l'APN. Seulement, avec la nouvelle législature, nous n'avons d'autre choix que de tout reprendre à zéro», ont expliqué, hier lors d'une conférence, des responsables de ce réseau. D'autant plus qu'il y a urgence, tant les violences faites aux femmes sont en nette augmentation. «Selon les chiffres officiels, quelque 7422 femmes ont été victimes de violences aggravées pour les seuls premiers mois de l'année 2012. En 8 mois, 261 d'entre elles sont mortes suite à une agression. Et plus de 24 femmes sont violées chaque mois», énumère Louiza Aït Hamou, présidente du réseau Wassyla/ Avife. Et ces chiffres ne reflètent malheureusement pas l'ampleur des dégâts. «Il ne s'agit là que des dépôts de plainte. Ce n'est que la partie visible de l'iceberg», déplore-t-elle. Si ce sujet est souvent traité par les médias, la façon dont cela est fait reflète encore trop souvent des préjugés sexistes et discriminatoires. «Il faut aborder la réalité des femmes d'aujourd'hui, comment elles se battent pour avoir une place dans la société. Il y a souvent des dérapages scandaleux», s'indigne la sociologue Zahia Iamarene. «Une étude a été faite sur 8 titres de la presse nationale, francophones et arabophones, privés et publics. La femme, journaliste et/ou sujet, est cantonnée aux articles société, justice, culture ou cuisine. De même, l'on ne parle que des femmes victimes, pas de celles qui réussissent», explique, quant à elle, la journaliste Zahia Mancer. Et encore ! «La femme, même victime, est responsable. Une analyse des contenus sémantiques des articles publiés à ce sujet dénote une justification des meurtres ou violences», regrette la sociologue Fatma Oussedik. «Lorsque les femmes apparaissent dans une caricature de presse par exemple, elles restent encore trop souvent des objets sexuels et ou faire-valoir», conclut-elle.