Le réseau Wassila/Avife d'aide aux femmes et enfants victimes de violences a présenté, hier, à la maison de la presse Tahar-Djaout (Alger), une étude intitulée “Violence contre les femmes et médias", dans le but d'engager le débat sur la responsabilité des journalistes “dans la lutte collective" contre la violence faite aux femmes, en Algérie. “Ce travail est une amorce de débat, un débat qu'on veut public", a expliqué Fatma Oussedik, membre de ce réseau. Cette dernière a indiqué que ces violences, journellement rapportées par la presse écrite, les radios et les chaînes de TV, qui touchent autant les femmes que les enfants et qui minent notre société, sont souvent pratiquées dans “l'intimité", c'est-à-dire dans un espace que les journalistes ont l'avantage de franchir, à travers les images, les articles ou les discours qu'ils véhiculent. Dans sa présentation, la sociologue a signalé que l'étude en question comporte deux grandes parties, l'une portant sur la violence contre les femmes dans la presse écrite et l'autre sur le regard livré par les caricaturistes sur les femmes dans l'espace public. Dans le préambule, le réseau Wassila/Avife rappelle qu'il a pour mission d'attirer l'attention de la société et des pouvoirs publics sur “une injustice", de dénoncer “cette inégalité en droits" et de proposer des lois, dispositifs et mesures, afin de “prévenir la violence" et “réparer cette discrimination entre citoyens" d'où la nécessité de combattre cette image “sous-valorisé ou hyper sexualisée" de la femme diffusée à travers les médias, aussi bien nationaux qu'étrangers (arabes et occidentaux). “Les médias ont un rôle prépondérant dans la société, dans la production d'images et de discours, et pour aider à rendre visible la violence à l'égard des femmes", a souligné Louiza Aït Hamou, la présidente de l'association Avife. Puis de constater que “la manière de rapporter la violence faite aux femmes reflète malheureusement des préjugés, un langage sexiste, un langage dévalorisant". De son côté, Dalila Lamarène-Djerbal, porte-parole du réseau Wassila, a estimé qu'il ne faut pas seulement comptabiliser les comptes des victimes de violences, mais aller aussi “au fond des choses", pour permettre à la société de “redéfinir la place de chacun". Elle a, en outre, invité les professionnels de l'information à rompre avec les “clichés", à “parler de la réalité des femmes" et de leur “lutte". Pour cette autre sociologue, les médias ont un grand impact sur l'imaginaire social et agissent sur “la construction de notre identité", ainsi que sur “notre perception de la relation aux autres", y compris celle de la relation entre les hommes et les femmes. L'étude “Violence contre les femmes et médias" est née du désir des membres du réseau Wassila/Avife de donner suite à deux précédentes rencontres de sensibilisation, organisées en 2011 et 2012 en direction des journalistes, surtout de passer à un niveau supérieur dans les débats, aux fins de “débanaliser" la violence faite aux femmes, susciter “une prise de conscience de la gravité du phénomène" et contribuer concrètement à “la prochaine campagne de sensibilisation" des parlementaires autour d'une proposition de loi, portée par bon nombre d'associations, dont le réseau Wassila/Avife, pour réduire le phénomène de violences faites aux femmes. H. A.