Reproduction de stéréotypes dégradants, banalisation des violences, minimisation des responsabilités des agresseurs, instrumentalisation de l'image de la femme dans la publicité et réduction du rôle de la femme dans la société est le résultat de l'analyse de contenu des médias algériens concernant le traitement de l'information relative aux violences à l'égard des femmes, présentée hier à Alger. Cette étude a été faite à l'occasion d'une journée de réflexion et de débats avec des journalistes de différents organes, organisée par le Réseau Wassila/AVIFE d'aide aux femmes et enfants victimes de violences. Le constat est alarmant. Selon une étude de contenu de la presse écrite algérienne, présentée par Zahia Mancer, journaliste à El Fadjr et membre de l'association Femmes en communication, la presse, tant arabophone que francophone, a tendance à perpétuer des clichés négatifs concernant les femmes. Ces dernières sont souvent présentées comme «faibles et victimes» ou «débauchées et responsables de leur propre malheur» et les sujets traitant du statut de la femme et de sa lutte sont relégués au second plan et ne font que rarement la Une ou les premières pages. La journaliste a noté un paradoxe dans le choix des images des femmes dans la publicité et celles illustrant des articles. Pis encore, des «rubriques» ou espaces sont même dédiés à la reproduction des stéréotypes négatifs concernant les femmes. Les magazines féminins ne sont pas en reste des quotidiens d'information. Mme Mancer a même noté un article de magazine appelant les femmes à taire les violences qu'elles subissent alors que la Une du magazine présentait un dossier sur Carla Bruni, l'ex-top modèle, épouse de l'ancien président français, Nicolas Sarkozy. La militante notera également un lien entre le nombre de journalistes femmes occupant des postes de responsabilité et les choix éditoriaux des médias au sein desquels elles travaillent. Cette journée de sensibilisation des journalistes à leur responsabilité dans la lutte contre les violences faites aux femmes intervient après une série d'actions, notamment des journées de formation des journalistes organisées l'année passée par le Réseau Wassila/AVIFE. «Votre premier rôle est de montrer que ces femmes sont d'abord victimes et qu'elles ont le droit à une réparation, ce qui les aidera à porter plainte et tenter de sauver leur dignité», a expliqué la sociologue Fatma Oussedik. Les journalistes ont également été appelés à accompagner les professionnels de la santé et de la gendarmerie qui, eux aussi, se trouvent impuissants face à des drames. «C'est aux médias de projeter les normes et règles, les «patterns» de conduite sociale. Quand ces professionnels et les victimes sont confrontés à la conduite sociale que vous leur proposez, et non que la société propose, vous leur donnez une force», a-t-elle ajouté en invitant les journalistes à mettre cette force qu'ils ont de rentrer dans l'intimité des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs en faveur des victimes de violences. Un discours approprié redonnera aux victimes leur dignité mais poussera également «tous ceux et celles qui sont témoins de ces violences et qui ne bougent pas à prendre conscience de leur devoir d'agir, de dénoncer cette violence», a-t-on souligné.