A l'occasion d'une émission de radio interactive, suite aux dramatiques et regrettables accidents survenus à des véhicules de transport de voyageurs, dont celui de Guertoufa, dans la région de Tiaret, qui avait provoqué la mort de 21 personnes et des blessures à 32 voyageurs, la station régionale de Ghardaïa a organisé une émission de sensibilisation dans ce contexte. Interactive, l'émission invitait les auditeurs à intervenir en direct et à poser toutes sortes de questions ou des suggestions aux participants représentant divers secteurs en liaison avec la sécurité routière. Une dame, au téléphone, a suggéré la nécessité de la présence de policiers ou de gendarmes dans chaque autocar, afin d'inciter les chauffeurs à la prudence et au respect du code de la route, à défaut, hélas, du respect de la vie humaine (dont celle des voyageurs) qui est sous la responsabilité du conducteur. En effet, il a été constaté maintes fois par les usagers de ces transports, des comportements dangereux. Combien de fois il nous a été rapporté que des conducteurs, tout en roulant, changeaient de place avec leur collègue sans même s'arrêter et, si un passager leur faisait une remarque, rétorquaient : «Vous n'avez qu'à descendre ou prendre un taxi ! Allez vous plaindre où vous voulez !» D'autres comportements nous ont été rapportés, tels qu'en été, sur des longues distances, le conducteur se déchausse et sort le pied (hachakoum !) par la vitre (rien que ça !), tout en continuant à conduire un car rempli de voyageurs. Pour revenir à l'auditrice, il lui a été répondu : «Bien sûr que ce genre de service existe, mais sous une autre forme et c'est même prévu par la loi.» Mais cela avait été perdu de vue ! Qu'en est-il au juste de cette présence virtuelle d'agents de sécurité ou des services concernés ? Bien entendu, il n'est pas question de mobiliser les services de sécurité, qui ont d'autres chats à fouetter, pour se déplacer dans les bus et autocars et superviser le comportement débile, inconscient et dangereux de certains conducteurs. Quant aux receveurs, tout le monde a eu l'occasion d'«apprécier» la qualité de l'accueil, le comportement et la tenue vestimentaire, particulièrement en été (tricot de peau et claquettes, bermuda...). Quant au paiement, pour ce qui est du ticket, n'en parlons pas. Et voilà qu'on nous apprend que de nouvelles (?) dispositions viennent d'être prises par le ministère des Transports pour mettre un terme à ces comportements. En fait, on ne va rien faire de nouveau, on ne va pas créer ce qui a déjà existé et a été oublié. C'est ainsi que les dispositions du décret 87-09 du 10 février 1987 relatif à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière dans ses articles 83 et suivants, déterminent les catégories d'agents spécialement habilités à rechercher et à constater, par procès-verbaux, les infractions prévues par la présente loi. Ainsi, l'article 89-3 stipule que «les inspecteurs des transports terrestres ont compétence pour constater par procès- verbal : a) toutes les autres contraventions prévues à l'article 83 (1° et 2°) ci-dessus, lorsqu'elles sont connexes à des infractions en matière de coordination et d'harmonisation des transports ferroviaires et routiers. En fait, par le passé, les inspecteurs des transports se déplaçaient en civil, sans se faire connaître. Ils prenaient un bus, un autocar ou un taxi, payaient leur place en exigeant un ticket (qui ne leur sera pas toujours remis) et enregistraient silencieusement le comportent du conducteur ou du receveur, selon le cas. Arrivé à destination, l'inspecteur descendait et rentrait au bureau rédiger son procès-verbal avant de le remettre au service chargé de convoquer le concerné devant la commission, sans confrontation. L'inspecteur étant assermenté, la sanction qui convient sera prise. Même cas pour les chauffeurs de taxi. Dans ce cas-là, le conducteur de taxi ou celui de l'autocar, ne sachant jamais à qui ils ont affaire, se devaient d'avoir un comportement autant que possible acceptable. Mais si l'inspecteur monte en exhibant sa carte, cela ne donne aucun résultat puisque, comme on dit dans le jargon populaire, il sera «grillé». Il existait même des contrôleurs, hors agglomération, dans les arrêts ruraux, qui prenaient les bus et étudiaient les comportements des conducteurs et receveurs vis-à-vis des clients. Espérons seulement que ce ne sera pas un feu de paille.