Les scandales de corruption impliquant la compagnie montréalaise s'étendent du Bengladesh jusqu'en Algérie en passant par la Libye et touchent même des contrats au Canada. Le groupe canadien de génie-conseil SNC Lavalin, impliqué dans plusieurs scandales de corruption s'étendant jusqu'en Algérie, a annoncé l'embauche d'un monsieur éthique, l'Allemand Andreas Pohlman, artisan de l'opération mains propres chez Siemens amorcée en 2007. Ce spécialiste de l'éthique a du pain sur la planche pour redorer le blason de la compagnie qui a construit, entre autres, Maqam Echahid et la centrale électrique de Skikda. Le dernier scandale en date dévoilé par la presse canadienne met en cause Farid Bedjaoui, le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui aurait «sécurisé» moyennant des pots-de-vin plusieurs contrats du groupe canadien d'une valeur d'un milliard de dollars canadiens. Cette somme fait partie des 6 milliards qu'a remportés SNC Lavalin en Algérie, ces 10 dernières années. La justice suisse s'intéresse au cas du jeune Franco-Canado-algérien depuis 2011. Aucune information n'a encore été dévoilée sur ses contacts à l'intérieur de Sonatrach ou ses intermédiaires au sein du pouvoir algérien qui auraient bénéficié de l'argent que lui a versé SNC Lavalin. Car il est important, selon les observateurs, pour la justice d'aller au-delà du «lampiste». La justice suisse a repéré près de 200 millions de dollars canadiens versés par plusieurs compagnies activant dans le gaz et le pétrole au neveu de l'ex-ministre algérien. Les premières révélations ont mis en avant Saipem, une filiale de l'italienne ENI. Contacté par El Watan (téléphone et email), SNC Lavalin n'a pas répondu aux sollicitations en réaction aux déclarations du président, qui a laissé entendre l'«actionnement» de la justice qui toucherait l'entreprise canadienne. Idem pour l'Association algérienne de lutte contre la corruption qui a demandé l'ouverture d'une enquête judiciaire et un audit de tous les contrats de SNC Lavalin en Algérie. Amnistie L'Allemand Andreas Pohlman a été recruté par SNC Lavalin pour faire le ménage et endiguer la corruption, qui est devenue «une culture corporative», selon un ancien cadre qui poursuit la compagnie pour licenciement abusif. Il pourrait même proposer une amnistie aux employés de SNC Lavalin impliqués dans des scandales de corruption, comme il l'a fait pour Siemens. En 2007, «le conglomérat industriel a été secoué par un gigantesque scandale après avoir versé pas moins de 1,4 milliard de dollars en pots-de-vin de 2001 à 2007. L'affaire aura coûté plus de 2,6 milliards de dollars à Siemens : 1,6 milliard en amendes et en frais divers, plus 1 milliard pour les enquêtes internes et la vaste réforme mise en œuvre par la suite», selon la presse canadienne. A noter que Siemens a réalisé un chiffre d'affaires annuel de 105 milliards de dollars alors que SNC Lavalin en a réalisé un peu plus de sept. Les scandales de corruption impliquant la compagnie montréalaise s'étendent du Bengladesh jusqu'en Algérie en passant par la Libye et touchent même des contrats au Canada dont le plus médiatisé a poussé à la démission son ancien PDG, Pierre Duhaime. Ce dernier est mis en examen par la justice canadienne pour fraude, faux et usage de faux dans le projet de construction d'un hôpital à Montréal. Son successeur semble emballé par le recrutement de monsieur «mains propres». «Nous sommes confiants», a affirmé Robert Card, PDG de SNC Lavalin. Ce dernier était en visite en Algérie début février, où il a rencontré, entre autres, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, en compagnie de l'ambassadrice du Canada. A signaler aussi que les médias canadiens avaient avancé la possibilité de démantèlement de SNC Lavalin. Idée vite abandonnée par la suite sur intervention du président de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, dont l'un des principaux déposants est le fonds de retraites des Québécois. En tous les cas, les Algériens ne verront pas de sitôt le siège social de SNC Lavalin disparaître du voisinage de l'ambassade canadienne. Tout un symbole.