En échange de pots-de-vin non encore évalués, la multinationale SNC-Lavalin aurait obtenu des contrats d'une valeur de près d'un milliard de dollars avec Sonatrach, avec l'aide d'un consultant employé par SNC-Lavalin, Farid Bedjaoui, a rapporté la presse canadienne. Ce dernier, a agi à titre d'intermédiaire entre SNC-Lavalin et Sonatrach. Ayant résidé pendant longtemps à Montréal, Farid Bedjaoui, neveu de l'ex-ministre algérien des Affaires étrangères Mohammed Bedjaoui, était recruté par SNC-Lavalin comme intermédiaire avec le groupe pétrolier national Sonatrach pour obtenir des contrats en échange du versement de pots-de-vin «à plusieurs dirigeants et hauts responsables algériens». Dans une déclaration à la presse canadienne, Leslie Quinton, porte-parole de SNC-Lavalin, a confirmé que Farid Bedjaoui était «impliqué» dans certaines des firmes avec lesquelles la multinationale montréalaise a transigé en Algérie, mais pour des affaires courantes, avait-elle précisé. Cet homme est déjà cité dans une affaire de corruption impliquant l'entreprise italienne Saipem, filiale du groupe Eni, qui a obtenu des contrats avec la compagnie pétrolière nationale. Cette nouvelle affaire de corruption impliquant le groupe Sonatrach a été révélée suite à l'enquête engagée par la justice suisse qui a abouti à l'incarcération, en 2012, de Riadh Ben Aïssa, ancien dirigeant des activités internationales, pour paiements douteux de 160 millions de dollars à l'un des fils de l'ex-dictateur Libyen Mouammar Kadhafi. C'est dans le sillage de l'enquête engagée par la justice suisse que Farid Bedjaoui a été soupçonné d'avoir fait transiter des pots-de-vin par la Suisse pour procéder à des paiements irréguliers liés à des affaires conclues par SNC-Lavalin en Algérie. L'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa aurait révélé les versements suspects faits par SNC-Lavalin à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui. Il y a deux semaines, des enquêteurs suisses, italiens et français ont fouillé à ce sujet l'appartement de M. Bedjaoui à Paris ainsi que la banque Suisse EFG. A Alger, le parquet a ordonné le 10 février l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle corruption liée à des contrats entre Eni et Sonatrach. Cette même affaire fait l'objet d'une enquête ouverte récemment par le parquet de Milan. Un porte-parole d'Eni à Milan s'est borné à réaffirmer que le groupe pétrolier italien était totalement étranger à l'affaire. Par ailleurs, SNC-Lavalin est présente en Algérie depuis les années 1980. Cette compagnie canadienne a remporté, au cours des dix dernières années, de nombreux contrats dans le domaine des hydrocarbures et de l'hydraulique. Elle a décroché des contrats d'une valeur de six milliards de dollars. Le plus récent contrat remonte à 2009 lorsque SNC-Lavalin a décroché le projet de construction d'une usine de traitement de gaz naturel à Djelfa, pour un montant de 1,2 milliard de dollars.