Membre de l'équipe nationale de voile des moins de 15 ans, un jeune Algérien de 14 ans croupit dans un centre de détention pour mineurs à Agadir, au Maroc, depuis le 11 février. Son père interpelle le président de la République pour le faire revenir en Algérie, afin qu'il puisse retrouver sa famille et surtout les bancs de son collège. Triste et tragique cette affaire qui touche un enfant de 14 ans, membre de l'équipe nationale de voile, pour les moins de 15 ans dans la catégorie Optimiste. Durant la deuxième semaine du mois de février, il avait fait le voyage à Agadir, au Maroc, pour prendre part, avec son équipe, à une session d'entraînement. Durant la journée du 11, alors qu'il se trouvait à l'hôtel Marhaba, une altercation avec un Marocain de son âge tourne au vinaigre. Ce dernier lui ayant baissé le pantalon, il réplique de même. Une altercation s'ensuivit, avant d'en arriver aux mains. Les adultes s'en mêlent et c'est là que la famille du jeune Marocain intervient. Elle porte plainte, mais auparavant, elle emmène son fils chez un médecin légiste qui, dans son rapport, ne constate aucune trace de violence sexuelle, ainsi que soupçonnée. Après sa présentation au juge des mineurs, l'enfant est placé en détention dans un centre. C'est le choc pour toute l'équipe nationale. Celle-ci rentre au pays, et le chef de la délégation y reste pour suivre l'affaire. Très inquiet, le père du jeune athlète s'est adressé, hier, à la rédaction pour lancer un appel au président de la République. «Monsieur le Président, mon fils croupit depuis le 11 février dans une prison. La dernière fois que je l'ai vu, il souffrait énormément. Il vit un véritable traumatisme. Il ne supporte pas sa condition de détention. Il vient de rater toutes ses compositions de la 3e année moyenne et risque de perdre toute sa scolarité s'il ne retrouve pas la liberté. Mon fils n'a rien fait. Une simple bagarre d'enfants a fini par se transformer en cauchemar. Monsieur le Président, faites quelque chose pour mon fils», lance le père de l'athlète. Il juge très lente la réaction de nos diplomates au Maroc, en déclarant : «Notre consulat a été saisi. Une avocate a été constituée, mais elle est à Marrakech et elle n'est pas venue lui rendre visite. La Fédération de voile est elle aussi dans l'expectative. Mon fils n'a rien fait, il faut qu'il retrouve sa liberté, d'autant que les médias marocains ont fait de cette affaire banale un scandale politique.» Exhibant des articles de la presse, il s'offusque contre «les contrevérités» publiées çà et là, et exhorte les autorités à l'aider. En effet, certains journaux accusent l'enfant de «viol et d'attentat à la pudeur sur mineur», sur «le fils d'un officier supérieur» de l'armée marocaine, présenté comme «un homme qui a passé plus de deux années à combattre le Polisario, cette bande de terroristes soutenue par l'armée algérienne». Cette affaire risque de coûter cher à l'athlète algérien et les responsables de la Fédération de voile en sont conscients. Contacté, M. Ameziane, le chef de la délégation qui s'est déplacé à Agadir, «comprend parfaitement» les inquiétudes du père de l'athlète. «C'est son fils qui est en prison. N'importe quel père aurait réagi de la même manière. Cependant, il y a des choses à dire. J'étais sur place et je suis resté durant trois jours après le départ de l'équipe, pour soutenir l'athlète. Je sais que le rapport du médecin légiste est négatif. En tant que fédération, nous faisons tout pour que l'enfant puisse être libéré. Une avocate a été constituée par notre consulat et a assisté l'athlète. Nous sommes en contact avec la Fédération marocaine de voile qui a exprimé sa totale disponibilité. Il faut souligner que l'affaire est en instruction, ce qui rend difficile toute intervention», explique M. Ameziane. Nouvellement élu à la tête de la Fédération de voile, Mohamed Atbi s'est déclaré «très touché» par l'affaire, précisant qu'elle reçoit toute l'attention de sa structure. «Nous sommes tous mobilisés pour clore rapidement le dossier. Une délégation va se déplacer demain à Agadir, avec le père de l'athlète, et nous espérons qu'il y aura du nouveau dans le dossier», souligne M. Atbi.