Après une éclipse qui aura duré pas moins de quinze années, le pique-nique familial est en train de reconquérir des espaces jusque là abandonnés. En effet, depuis plusieurs semaines, c'est le rush sans cesse grandissant des familles vers les espaces forestiers du littoral mostaganémois. C'est ainsi que tous les week-ends, les endroits les plus prisés reçoivent leurs lots de visiteurs occasionnels. Mais, la reprise fut très laborieuse. En effet, les rares familles qui oseront sortir pour prendre un bol d'air frais se compteront sur les doigts d'une main. Plusieurs années de peur auront laissé des traces dans les esprits et marqué toute une génération. Mais, la douceur printanière aidant, les visites rituelles aux marabouts se transformeront rapidement en ballades. Bientôt, des familles entières viendront squatter des espaces jusque-là interdits, où seuls quelques couples osaient s'aventurer. Depuis le début du mois d'avril, c'est un véritable engouement que l'on observe sur toute l'étendue de la bande littorale, depuis l'immense plage de Sidi Mansour qui jouxte les marais de la Mactaa jusqu'aux confins du Dahra. Alors que les plus téméraires n'auront pas hésité à prendre leur premier bain de mer, les autres se contenteront d'un camping sous les multiples pinèdes dont la plus prisée est incontestablement celle qui enlace le majestueux phare de Cap Ivi. A seulement 25 km à l'Est de Mostaganem, cette forêt renoue avec ses admirateurs qui y trouvent la quiétude et la sérénité que la présence en force des gardes forestiers et la proximité d'une caserne de la garde communale finiront par imposer. L'engouement pour cet endroit envoûtant est si grand qu'il faudra très rapidement penser à aménager les pistes qui jadis s'enfonçaient profondément dans la forêt afin de réduire la promiscuité qui s'installe. Car, durant le dernier week-end, les moindres espaces seront littéralement pris d'assaut. Ce qui aura pour première conséquence un insoutenable désordre qui finira par exaspérer plus d'un. La propreté des lieux finira également par s'en ressentir. Ployant péniblement sous le nombre, cet espace récréatif nécessitera certainement d'autres aménagements afin qu'ils puisse offrir un minimum de commodités à une population qui ne supporte plus le confinement des cités dortoirs. Car, avant de mettre le cap sur la grande bleue, les citoyens, dont un grand nombre de familles oranaises, auront fait le choix de se retrouver, en l'espace d'un week-end, dans ces espaces verts insuffisamment aménagés.