Le port de Skikda se porte bien, très bien même. Chiffres à l'appui. Ce n'est certainement pas l'enfermement de ses dirigeants dans un incompréhensible mutisme qui démentira la bonne santé de l'Entreprise portuaire de Skikda (EPS). Le port de Skikda se porte donc bien même si au moment où les ports de Annaba et de Béjaïa sortent par presse interposée leurs griffes pour reconquérir une légitime place au soleil, le port de Skikda, lui, donne l'impression de s'isoler davantage de sa ville pour se parfaire dans une monotone lecture de chiffres et de taux. Mais cet état n'ôte rien aux performances du bassin local et une simple lecture dans le bilan, non officiel, de l'année 2005 suffit à confirmer la bonne santé de l'EPS. L'année 2005 reste pour le port de Skikda l'année de tous les records, même si le tonnage global a enregistré une baisse de 12% par rapport à l'année 2004 et de plus de 33% par rapport à l'année 2003. Une donnée qu'on n'a pas réussi à débattre auprès des dirigeants de l'entreprise mais elle devrait, a priori, être en relation avec les baisses enregistrées dans le trafic des vracs liquides (produits pétroliers) qui a baissé de 13% par rapport à 2004. Mais cette baisse ne devrait pas obnubiler les efforts consentis pour appuyer la spécialisation du port de Skikda dans le trafic de conteneurs qui reste un label indéniable de Skikda. Cette tendance de spécialisation n'est plus à démontrer. Profitant d'une situation géographique des plus avantageuses et aussi d'une conjoncture économique très faste en matière d'importation, le port de Skikda continue son envolée en matière de trafic de conteneurs, même si d'autres ports, comme celui de Béjaïa par exemple, commencent à leur tour à « grignoter » leurs parts de marché. Le seul port de Béjaïa a enregistré en 2005 une hausse de 40%, selon les déclarations de son PDG, M. Boumsila. Pour le port de Skikda, la conteneurisation demeure un point fort puisqu'elle représente tout de même plus de 48% du trafic marchandise générale hors vracs solides qui a transité par les quais de Skikda en 2005. A en croire certains chiffres, ce trafic a enregistré en 2005 une hausse de 6%, ce qui correspond certainement aux attentes des dirigeants du port, qui ont adopté une stratégie de renforcement du trafic en initiant à court et à moyen termes un ensemble de projets visant à « doper » la conteneurisation. A cet effet, l'EPS a acquis en 2005 un terrain de 18 ha pour la réalisation d'un port sec. L'étude de réalisation devrait être engagée cette année. D'autres investissements en relation avec ce trafic ont été consentis comme l'acquisition de 19 chariots élévateurs et des grues de différents tonnages. L'attrait du trafic de conteneurs n'a cependant pas confiné le port de Skikda dans une unique visée de développement. Bien au contraire, la « bipolarité » qui fait de lui un port de marchandises et d'hydrocarbures le pousse davantage à une variance de trafic. Les hausses enregistrées dans d'autres trafics témoignent de cette diversité à l'exemple des vracs solides qui ont enregistrés une hausse de près de 48% par rapport à 2004. Le trafic marchandises générales est lui aussi en nette hausse (7%) avec une prédominance des biens d'équipements qui représentent tout de même plus 40% du trafic, suivies des produits métallurgiques (27%). Prévisions à la hausse Le trafic hydrocarbures (produits raffinés, pétrole brut et produits gazeux) a enregistré quant à lui des baisses (13%) pour la deuxième année consécutive. Pour l'exportation, le taux de chute du trafic par rapport à l'année 2004 avoisinerait les 14%. L'explication de ce phénomène serait apparemment en relation avec les incidents du terminal pétrolier, puisque la plus forte baisse a concerné le trafic du pétrole brut qui aurait chuté de près de 40%. Les produits gazeux à l'exportation ont par contre enregistré une hausse de 51%. Les prévisions de l'EPS pour l'année en cours devraient certainement revoir à la hausse tout le trafic. Un vœu qui devrait être accompagné par d'autres investissements ainsi que par des facilitations. L'entreprise aurait subi au mois de février dernier un second audit de suivi de son système de management de qualité pour prétendre maintenir sa certification Iso 9001 : 2000. Un fait qui est amplement à la portée de l'EPS au vu de ses efforts visant à fidéliser et à satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante et la concurrence très mitoyenne des ports de Annaba et de Béjaïa. En 2005 déjà, l'EPS avait déjà anticipé en réalisant un prolongement du quai du poste 4 du port mixte et d'acquisition d'un terrain pour servir d'entrepôt sous douanes. D'autres investissements pour parfaire les infrastructures et les superstructures devraient, comme le rapportent les bulletins de l'entreprise, se poursuivre dans l'avenir. Ceci servirait à minimiser les délais d'attente en rade et les séjours à quai. A ce sujet, il serait utile de relever que le délai d'attente en rade du port de Skikda aurait avoisiné en 2005 une moyenne de 12h. Quant à la durée moyenne du séjour à quai, elle serait de 72h. En dépit des efforts et des investissements, il demeure que le port de Skikda reste très fragile vu qu'il ne dispose que d'une seule issue qui le lie à la route de l'îlot des Chèvres qu'empruntent les semi-remorques. Cette route, sujette aux glissements et aux éboulements, représente un chemin incontournable pour le trafic des conteneurs et autres marchandises, même si l'enceinte portuaire dispose d'un relais de chemin de fer. D'ailleurs, lors d'une émission radiophonique locale, un représentant des transitaires de Skikda avait mentionné les problèmes que risque de poser sa fermeture. Aujourd'hui, l'on se demande si cette route sera fermée lors des travaux d'aménagement des canalisations de la nouvelle STEP de Skikda qui longe la route. Conscients des répercussions néfastes sur le devenir du port, les dirigeants de l'EPS ne ratent jamais une occasion pour sensibiliser les autorités compétentes quant à l'urgence de mettre en pratique le projet de la nouvelle route de l'îlot quitte à y contribuer financièrement.