Les questions de la petite enfance ont été au centre des débats. Jeudi dernier, dans l'après-midi, la crèche El Amir de Chebli (wilaya de Blida), a créé l'événement en invitant les parents des petits pensionnaires de l'établissement, les intellectuels (enseignants, médecins et autres ingénieurs) et la communauté civile à une opération d'information et de vulgarisation sur le monde de l'enfance. La crèche El Amir, la seule de la commune de Chebli, existe depuis seulement une année et elle commence déjà à faire parler d'elle. C'est le résultat du courage et de la persévérance des trois sœurs Yamir (d'où le nom de l'établissement) qui, après leurs études, ont décidé d'ouvrir ensemble une crèche - le bâti étant la propriété de la commune - pour recevoir les petits, de zéro à cinq ans. Cela a été une véritable aubaine pour les mamans qui travaillent et pour celles qui veulent tout simplement «éveiller leurs bébés pour bien les préparer à l'école». Les gérantes de la crèche ont invité une illustre oratrice, Mme Saliha Hamza Chennit, spécialiste de la petite enfance (de 0 à 3 ans), diplômée d'Etat à Paris et présidente fondatrice de Arabesque-communication (association pour la protection de l'enfance), qui a donné une conférence très importante intitulée : «Les blessures d'enfance». On mesure toute la pertinence de la question quand on se rappelle ce que la région avait enduré durant la décennie noire. C'est ainsi que l'auditoire a appris que «dès sa conception, le fœtus ressent tout, saisit tout, comprend tout». C'est déjà une personne. Il va grandir avec ses acquis, avec ce qu'il a recueilli. «Ce qu'on a fait de bien ou de mal à un enfant réapparaît à l'âge adulte». «Brimé, frustré, mis à l'écart, quand cet enfant deviendra adulte il reproduira le même schéma». Pendant le débat très animé qui a suivi la conférence, certaines mamans ont exprimé leurs soucis comme : «Je ne peux pas le gronder, parce que j'ai peur qu'il ne m'aime plus !». La conférencière explique, dans ce cas, que cette peur remonte plus loin dans le passé même de la maman qui, enfant, avait peur, pour une raison ou une autre, de ne pas être aimée par ses parents. La conférence a été bénéfique à plus d'un titre. L'oratrice a proposé de «faire quelque chose pour son pays», en organisant, dans un avenir proche et si certaines conditions sont réunies, des stages de formation en puériculture pour les jeunes filles ayant quitté prématurément leurs études, et en psychologie de l'enfant, pour les enseignants. Le rendez-vous est pris pour le mois de mai pour une deuxième visite en Algérie de cette spécialiste qui s'enorgueillit d'avoir fait ses premières études dans son pays. Elle invite, par la même occasion, tous ceux que la question de l'enfance interpelle à visiter le site Internet de son association. A bon entendeur…