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On peut réintroduire le haïk en supplantant la robe de mariée occidentale Lounis Aït Aoudia. Président l'association Les Amis de la rampe Louni Arezki Casbah
-Vous faites du haïk une véritable cause patrimoniale à défendre. Pourquoi ? Dans ma petite enfance, le haïk était une forme de revendication identitaire et culturelle. Cette tenue délimitait visiblement la société algérienne de celle de la colonisation. C'est très important pour la génération qui est la mienne. Puisque l'occupant a tout fait pour dévoiler les femmes, qui lui rappelait sans doute l'étendard de la résistance et cette fameuse anecdote. -Laquelle ? Dans les années 1930, le haïk devient hautement symbolique, marquant ainsi le centenaire de la présence du colonisateur en Algérie. Pendant la fête du centenaire, une parade militaire est organisée au pied de La Casbah. Il y avait une très grande délégation française venue de Paris. Une personnalité influente a remarqué une nuée de femmes voilées. Elle pose la question au gouverneur d'Alger de l'époque, pour connaître l'origine de cet «accoutrement». On lui explique que c'est la tenue locale, le haïk. Elle rétorque : «Vous fêtez le centenaire, alors que le haïk est toujours là, il vous nargue !» Un signe de résistance culturelle. -Qu'est-ce qui motive davantage votre engagement ? A partir du moment où l'on a su, avec joie, que la tenue nuptiale traditionnelle de Tlemcen «chedda» a été classée comme patrimoine de l'humanité par l'Unesco, nous avons été inspirés pour émettre le souhait que le haïk avait tout aussi sa place dans le patrimoine mondial. Lorsqu'il y a eu cette rencontre, le 23 avril 2012, de la centenaire qui porte toujours son haïk et de femmes présentes ce jour-là, l'assistance a proposé de porter l'idée au ministère de la Culture afin qu'il prenne en charge les démarches pour le classement. -Plusieurs manifestations ont célébré le haïk dernièrement. Que pensez-vous de cet engouement ? Le haïk doit rester un repère historique, puisqu'il a joué un grand rôle durant le 11 décembre 1960 et a été vu par le monde entier lors de la fête d'indépendance. Les jeunes doivent savoir que ce haïk fait partie de l'histoire de l'Algérie. Aujourd'hui, le haïk ne peut pas remplir des fonctions sociales. Il y a une dynamique nouvelle et de nouveaux codes. La femme ne peut pas conduire en haïk ou autre. -Alors comment le préserver dans l'immédiat ? Pour préserver la mémoire de cet habit chargé d'histoire, la société civile suggère une réintroduction du haïk dans la société citadine. On peut par exemple envisager de supplanter la robe de mariée occidentale, en commençant par les villes d'Alger, de Blida et de Meliana.