Le parcours des membres de l'association de la protection de l'enfant et de la maman (APEM) demeure parsemé d'embûches. A l'auberge de jeunes de Chelghoum Laïd, une quinzaine d'exposantes déclinaient fièrement, hier, des stands abritant le produit de leur savoir-faire. Des facettes qui portent sur les gâteaux traditionnels et modernes, les facettes culinaires, en passant par la couture et les articles de décoration. La centaine d'adhérentes de l'association de la protection de l'enfant et de la maman (APEM) ayant subi des violences conjugales ou autres, s'épanouissent admirablement au sein de cette entité. Elles confectionnent des mets et friandises qui feraient pâlir d'envie les maîtres pâtissiers et autres puristes de la gastronomie. Beaucoup d'entre-elles affirment, néanmoins, qu'en dehors de l'association, elles sont livrées à elles-mêmes et ne bénéficient pas de l'aide escomptée de la part des collectivités locales. M. Meriem et C. Nadia, respectivement versées dans la confection des gâteaux traditionnels et modernes et les matelas, assurent avoir «retrouvé l'espoir et la joie de vivre grâce à l'association». A. Fatima et A. Meriem, deux sœurs dont la seconde est divorcée et a à sa charge trois enfants, abondent dans le même sens. «Sans ma prise en charge psychologique par le centre d'écoute de l'association et les conseils et assistance qui m'ont été prodigués, je n'aurais jamais pu surmonter mon drame», indique la jeune divorcée. Et d'enfoncer le clou : «Pour bénéficier d'une aide ou d'un local, il faut avoir un piston solide.» La présidente de l'APEM, Mme Rezzagui Farida, souligne que «ces dames et jeunes filles ont parfaitement réussi leur mutation via le travail de proximité de nos psychologues qui sont à l'écoute permanente de leurs turpitudes domestiques et de leurs déboires conjugaux». Une bonne partie de nos interlocutrices interrogées déplore le peu d'empressement et le désintérêt des médias (presse et radio locale) à leur égard. A Meriem revient à la charge : «Si nos activités étaient médiatisées à l'instar des manifestations similaires qui se déroulent à Alger, Oran ou Constantine, nous aurions pu mieux placer notre production, voire taper à l'œil de quelques investisseurs.»
Partenariat avec La Fondation de France Dans le cadre du développement d'actions de partenariat avec la Fondation de France, cette dernière lance le financement d'un projet de «création d'un espace de formation et d'apprentissage pour femmes en difficultés». Cette ONG internationale qui intervient dans les pays de la rive sud de la Méditerranée: Algérie, Tunisie et Maroc, a porté son dévolu, -sur un total dépassant les 100 postulants-, sur une dizaine d'associations dont l'APEM. Cette dernière étant la seule association active dans le créneau de la protection et de l'accompagnement de l'enfant et de la maman au niveau de la wilaya. A la faveur de cet apport de taille, les intéressées seront encadrées par des formateurs et formatrices de métier et pourront affiner leur compétence et vocation dans les multiples créneaux. «Les subventions qui nous sont versées sont dérisoires. Les autorités sont réticentes à notre égard et pensent qu'on abrite des crésus du fait que la Fondation de France nous a octroyé un budget important qui, précisons-le, est exclusivement destiné à la réalisation dudit projet», note Mme Rezzagui. «J'ai quatre gosses et j'ai subi pendant 28 ans agressions verbales et physiques de la part de mon mari, mais, aujourd'hui, je reprends goût à la vie», conclut cette dame, investie dans la fabrication des trousseaux des nouveaux-nés et les matelas. Elles sont des dizaines de femmes aux mains expertes à parler de leurs tragédies respectives sur un ton de catharsis, en espérant que les pouvoirs publics volent à leur secours en vue d'atténuer leurs souffrances.