Selon la convention internationale des droits de l'enfant, “tout enfant a un droit absolu à sa maman, à son papa et à la protection et à l'affection de toute sa famille des deux côtés, proche comme éloignée, surtout en cas de divorce ou de séparation”. Malheureusement, le nombre de divorces augmente d'année en année en Algérie, et ce sont toujours les enfants qui souffrent de cette situation qu'ils n'ont pas choisie. La séparation des parents entraîne souvent des conséquences désastreuses à court et à long terme. Au-delà des troubles qu'elle provoque au sein du couple, cette séparation est un moment douloureux pour les enfants et a des conséquences psychologiques, physiques et socioéconomiques. À la suite d'un divorce, des bouleversements majeurs surviennent chez un enfant et le déstabilise. Dans le domaine de la scolarité surtout, il régresse. Dans la vie de tous les jours, il devient agressif, triste, il se culpabilise, il est indifférent et a surtout peur de l'abandon. “La peur d'être abandonnés entraîne le besoin d'entendre qu'ils ont encore deux parents qui les aiment même s'ils n'habitent plus ensemble. Les enfants font partie intégrante du processus de séparation et rappellent constamment par leur existence, qu'entre les parents il ne peut y avoir qu'un divorce conjugal et jamais de divorce parental”, selon un psychologue. Ces enfants “manifestent de la colère à tout âge et cherchent souvent à trouver un coupable. Cette colère peut être interprétée comme l'extériorisation d'un sentiment de rejet et d'impuissance”, dit-il. Et d'ajouter : “Les enfants ne choisissent pas cette séparation. Ils subissent la décision de leurs parents, et de ce fait, ils se sentent mis à l'écart. La colère, suite au choc de l'annonce de la rupture, est une réaction normale, on peut la considérer comme constructive.” “Je suis coupable” Les enfants se posent souvent la question s'ils ne sont pas la cause de la séparation de leurs parents. Ils se sentent responsables des disputes et des malentendus entre la mère et le père. “Quand j'entendais mon père crier tout le temps, je croyais que c'était de ma faute parce que je n'avais pas de bons résultats à l'école et qu'il reprochait à ma mère sa négligence”, nous dit Farid, un adolescent de 15 ans. “Actuellement, je vis avec ma mère, elle fait tout pou me rendre heureux, mais j'ai envie d'avoir un père comme tous mes camarades. Car, depuis le divorce, je le vois rarement”, nous avoue Farid. Il est vrai que souvent, l'enfant est confié à la mère et croit de ce fait avoir perdu son père, car il ne le voit pas aussi souvent qu'auparavant. En conséquence, il a souvent peur de perdre sa mère aussi, car celle-ci, du fait de la situation, doit travailler ou reprendre des études. À son tour, elle sera moins présente pour l'enfant. “Ma fille a toujours peur de rester seule à la maison. Elle est très attachée à moi. J'ai demandé l'avis d'un psychologue. Ce dernier m'a fait comprendre que ma fille a peur de l'abandon”, raconte Amina, divorcée et mère d'une fille de sept ans. Selon des études réalisées sur ce problème, il ressort que ces enfants ne perdent pas espoir et veulent réconcilier leurs parents à tout prix. “J'ai toujours envie que mes parents se réconcilient. Mon père a toujours voulu reprendre la vie conjugale mais ma mère refuse. Elle a beau expliquer les raisons de son refus mais, moi, je ne veux rien comprendre”, avoue Anis, un collégien de 16ans. Devant des situations pareilles, ces adolescents ont tendance à se replier davantage sur eux-mêmes. Ils veulent prendre du recul pour se défendre de la douleur de voir la dissolution de la famille. Ayant été témoins des difficultés parentales, ils remettent en question le bien-fondé du mariage et de la parentalité. Donc, le divorce n'a pas seulement des effets à court terme, mais peut influer durablement sur l'avenir des enfants. Surtout la conséquence socioéconomique : le manque de ressources financières peut affecter sur la santé et le bien-être des enfants. Un seul parent, donc, un seul salaire ne peut répondre aux besoins de ces enfants. “Après mon divorce, mon mari versait une pension pour nos deux enfants. Il y a quelques années, il a complètement abandonné ses enfants. J'ai beau parler, en vain. Je suis enseignante, je n'arrive plus à joindre les deux bouts. Je ne veux plus remettre les pieds dans une cour de justice, et c'est pour cela que je n'arrive pas à avoir le droit de pension de mes enfants”, se plaint une maman. Il faut signaler que beaucoup de femmes divorcées évitent au maximum les problèmes et les conflits avec leur ex-conjoint, à cause de l'argent. Chose qui les obligent à travailler et à assumer seules l'éducation de leurs enfants. À cause des situations financières difficiles de ces mères, beaucoup d'enfants quittent les bancs de l'école pour s'intégrer dans le milieu professionnel. Et cela afin d'aider leur mère pour les besoins quotidien. Par contre, d'autres reprochent à la mère ses restrictions budgétaires et recherchent chez le père des récompenses financières compensatoires de cette disparité. Cette quête sera d'autant plus entendue que certains pères compensent à leur tour leur manque de présence par des largesses financières auprès des enfants. Le problème de l'autorité parentale se pose également dans ces cas. Quand les enfants sont en bas âge, ils sont maîtrisables, mais dès qu'ils deviennent adolescents, le problème de l'autorité parentale se pose sérieusement. Cette autorité doit s'exercer en commun pour l'équilibre des enfants après le divorce. Il s'agit surtout des décisions communes concernant l'école, les voyages à l'étranger, les problèmes médicaux et le choix d'une profession. Les enfants ont besoin de savoir que leur père et leur mère seront toujours leurs parents, même si le mariage se termine et si leurs parents ne vivent plus ensemble. Il faut ajouter à cela les conflits prolongés à propos de la garde des enfants ou les pressions sur l'enfant pour prendre parti pour l'un ou l'autre qui peuvent être particulièrement douloureux pour les jeunes et peuvent s'ajouter aux dommages provoqués par le divorce. Afin de limiter les effets nocifs d'un divorce pour les enfants Il convient d'en parler au plus tôt avec eux. Même s'ils sont en bas âge, ils ressentent très facilement les diverses tensions du couple et les interprètent souvent mal : culpabilisation ou prise de position en faveur de l'un des parents. Pour éviter cela, il est conseillé de leur parler de la situation qui existe entre leur père et leur mère, c'est-à-dire en leur expliquant que deux personnes peuvent ne plus s'aimer et ne plus pouvoir vivre ensemble, mais que néanmoins, cela n'affectera pas l'amour qu'elles éprouvent pour leur enfant. Il faut aussi rassurer l'enfant sur son avenir. Lui expliquer avec qui il vivra toute l'année et comment se passeront les vacances scolaires. Finalement, il faut savoir dissocier la vie conjugale de la vie parentale. Un homme (ou une femme), qui ne peut plus vivre avec son conjoint, doit s'efforcer de montrer à son enfant que cela n'affectera jamais l'amour qu'il (ou elle) éprouve pour lui. Il faut parler de causes communes au père et à la mère, être honnête et franc sans les accabler de détails, expliquer selon l'âge de l'enfant, encourager l'enfant à poser des questions quand il en ressent le besoin durant cette période d'information. Il doit entendre et réentendre qu'il n'est pas responsable de cette rupture. Les enfants ne doivent pas choisir un parent seulement et être placés dans une situation à prendre parti pour un parent. Utilisés comme intermédiaires, ils manifestent de la frustration, de la colère, de la culpabilité, qui par cercle vicieux exacerbent les conflits entre les parents. Quand ces besoins immédiats seront satisfaits, les enfants auront d'autres besoins à satisfaire sur une plus longue période de temps. Selon des experts, ce qu'il ne faut absolument pas faire, c'est minimiser ces phénomènes (“ça passera”... ) mais reconnaître les besoins accrus d'affection des enfants dans cette période troublée. Pour les parents, répondre à ces besoins est une tâche difficile, car ils sont eux-mêmes dans une période de crise intense amenant tristesse, culpabilité et grande confusion. Le degré de capacité des parents à résoudre leurs conflits de couple dans leurs liens avec leurs enfants joue un rôle primordial. Les conflits qui perdurent ont des effets plus dévastateurs que la rupture elle-même. Il faut éviter d'utiliser l'enfant comme porte-parole ou bouc émissaire des ressentiments de l'adulte envers son ex-conjoint. Il est préférable de laisser l'enfant poursuivre ses activités habituelles. Besoin d'être informés par les deux parents de préférence. Comment préparer les enfants au divorce Les enfants vivent toujours très douloureusement la séparation de leurs parents. C'est tout leur univers qui se fragmente soudainement, tous leurs repères qui volent brutalement en éclats. Cette situation est donc pleine de souffrance et d'interrogations, mais peut n'être que transitoire. Il faut préparer les enfants à ce qui va arriver et les accompagner tout au long de cette mutation. Les enfants ont tout d'abord besoin d'être rassurés sur le fait qu'ils ne sont pas responsables de ces bouleversements, et qu'en aucun cas, ils ne vont être abandonnés par l'un ou l'autre de leurs parents. Il est d'ailleurs essentiel qu'ils ne soient coupés d'aucun des deux. Il s'agit ensuite de leur donner de nouveaux repères, clairs et solides, et de les guider souvent, les parents qui divorcent sont inquiets des conséquences éventuelles que cela peut avoir sur leur enfant. Les parents, même s'ils sont préoccupés par leurs propres problèmes, se rendent le plus souvent compte qu'ils sont les personnes les plus importantes de la vie de leur enfant. Lors du divorce, les parents peuvent s'effondrer ou se sentir libérés, les enfants, eux, seront toujours à un moment ou un autre dans la peur ou la confusion, en raison de la menace que cela représente pour leur sécurité. Certains parents se sentent tellement blessés ou débordés lors du divorce qu'ils peuvent s'adresser à l'enfant pour obtenir réconfort ou conseil. Le divorce peut être mal interprété par l'enfant, surtout si les parents ne leur disent pas ce qui va arriver et ce en quoi ils sont ou non impliqués dans ce qui arrive. Les enfants pensent souvent qu'ils sont la cause des conflits entre leur père et leur mère. Le traumatisme causé par la perte d'un ou des deux parents dans le divorce peut être à l'origine d'une vulnérabilité particulière aux maladies physiques ou aux troubles mentaux. Toutefois, à condition de porter une attention particulière aux enfants et de prendre soin d'eux, les forces d'une famille peuvent se mobiliser à cette occasion et les enfants peuvent être aidés afin de faire face à cette situation de façon constructive, quelles que soient les solutions trouvées aux conflits parentaux. Besoin de reconnaître la permanence du 6) Besoin de sentir que les parents sont capables de se parler. F. A.