S'il est une action que les fidèles de la basilique Saint Augustin (Annaba) retiendront particulièrement du pape Benoît XVI, qui vient de mettre fin à son pontificat, c'est bien le don fait par Joseph Ratzinger pour participer au financement des travaux de restauration de cet édifice hautement symbolique. Se gardant de s'étaler sur ce geste du souverain pontife, le père Ambroise, recteur de la basilique, a toutefois tenu à saluer le courage et la sagesse dont a fait preuve, en renonçant au ministère de Saint Pierre, le désormais ex-souverain pontife : «Cette décision courageuse, il l'a prise en son âme et conscience, au terme d'un long processus non seulement de réflexion mais aussi de prières. Nous ne pouvons que respecter son choix.» S'agissant du niveau d'évolution des travaux de restauration de ce lieu de culte où est jalousement conservée une relique du corps de l'évêque d'Hippone (son cubitus), on apprendra sur place que l'opération, lancée en février 2011, se poursuit et devrait être achevée d'ici fin 2013. Les 420 millions de dinars nécessaires à la mise en route de ce que l'archevêque de Constantine-Annaba avait qualifié de projet «exemplaire et exceptionnel» en matière de partenariat entre l'association diocésaine d'Algérie et les autorités du pays, ont été réunis grâce au soutien des autorités algériennes et françaises, à la générosité de congrégations religieuses, diocèses, institutions cultuelles et culturelles, bienfaiteurs nationaux et étrangers et des fonds collectés auprès de la communauté des Augustins d'Europe et d'Amérique latine. L'opération de réhabilitation de l'imposant lieu de culte, notamment le dôme central, la toiture et les vitraux, revêt un caractère particulièrement sensible. A ce titre, les travaux doivent être faits dans le strict respect des normes, explique un employé de l'entreprise chargée du projet, rencontré sur les lieux. Selon lui, cette réfection, qui a nécessité l'aval préalable des quatre diocèses d'Algérie (Alger, Oran, Laghouat et Constantine/Hippone) et pour laquelle il a été fait appel à des sous-traitants et des entreprises algériennes locales, ne doit pas bouger d'un iota la structure architecturale de fond, magistralement conçue par l'architecte, l'abbé Pougnet, qui, d'une main de maître, avait réussi à l'intégrer dans l'histoire et le milieu naturel d'Hippone et ses environs. «Chaque bout de pierre ou de verre est sacré ; pour nous, fidèles à la pensée de l'un des 33 docteurs de l'église, toute la région de l'est constantinois est bénie de Dieu car tous les matériaux qui ont servi à la construction de cette basilique de style arabo-byzantin ont été tirés de ses sols. Les marbres, tout particulièrement ceux du maître-autel et de la chaire, ont été extraits de carrières de la région : marbre de Guelma, marbre blanc de Filfila et onyx translucide de Aïn Smara, tous sont d'une rare finesse de grain et d'une étonnante richesse de tons et de nuances», avait indiqué, dans une déclaration à El Watan, le père Abdallah Raphaël, l'ancien chargé des affaires de la basilique, ajoutant que «ce lieu de culte a une valeur spirituelle inestimable pour nous, chrétiens catholiques. L'emplacement de chaque pierre est en lui-même un symbole». D'où la minutie, l'habileté manuelle et la rigueur que requièrent les travaux. Et ils sont des milliers de pèlerins, visiteurs nationaux et étrangers, une moyenne de 18 000 à 20 000 par an, à s'impatienter d'en découvrir les résultats. Ce nombre est susceptible de s'accroître dans les quelques années à venir, pronostique le voyagiste Mohamed Chérif Otmani, organisateur de circuits cultuels entre Souk-Ahras (ville natale) et Annaba, la ville adoptive de Saint Augustin. Pour lui, ce regain d'intérêt que portent les pèlerins étrangers à sa ville adoptive et sa basilique s'explique par l'évolution de l'Ordre des Augustins à travers le monde. Fort de 3000 pères augustins, l'Ordre de Saint Augustin (OSA) est basé en Amérique latine, en Orient et en Afrique. Et c'est à l'OSA de Malte qu'a été confiée, en 1933, la garde de la basilique Saint Augustin. Les fidèles de cette dernière, plus d'un millier de chrétiens catholiques de Annaba – dont des nationaux, «il serait faux de dire qu'il n'y a pas d'Algériens», dixit père Ambroise – sont à l'affut de la moindre indiscrétion sur la date de sa réouverture. Il y a également ceux (Algériens), en difficulté et ils sont nombreux, qui y affluent au quotidien pour le seul besoin d'être écoutés. Ignorés par les leurs, ils ont visiblement trouvé le saint à qui se vouer.