Ayant été critiqués par le chef de l'Etat lors d'un discours prononcé avant-hier à Constantine, les trois partis formant l'Alliance présidentielle, le FLN, le RND et le MSP, font le dos rond. Créée dans le but d'« œuvrer à la réalisation du programme du président de la République », cette Alliance, tel qu'énoncé par le président Bouteflika, n'a d'yeux que pour les élections. « Nous prenons des décisions importantes en Conseil des ministres, mais vous n'expliquez rien aux citoyens », a-t-il lancé à l'adresse des chefs des trois partis, leur rapprochant, au passage, de faire abusivement dans la politique électoraliste que dans l'action politique. « Arrêter de vous chamailler ! Il y a plus de militants que de citoyens. Où est donc la société civile ? », a-t-il demandé à Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, et Bouguerra Soltani, président du MSP. Les mêmes propos sont adressés également au secrétaire général du RND et chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, absent. M. Bouteflika a réaffirmé, en outre, publiquement son autonomie par rapport à cette Alliance qui s'est autochargée « pour concrétiser son programme quinquennal ». Conscients de la réalité des faits, les responsables de ces trois formations encaissent sans répliquer. Pour le FLN, le Président a fait un constat réel. « Je pense que les partis de l'Alliance se sont penchés, ces derniers temps, sur des positions purement partisanes au détriment de la mise en œuvre du programme du chef de l'Etat », nous a déclaré, hier, Saïd Bouhedja, membre de l'instance exécutive du FLN. Le peuple algérien, selon lui, sait maintenant que M. Bouteflika suit de près l'évolution de l'application des plans de développement. Le RND, quant à lui, estime que M. Bouteflika a le droit de faire des observations. « Le président de la République a le droit de faire des remarques, mais nous continuons à œuvrer, tant au sein de notre parti qu'au sein de l'Alliance, à exécuter le programme du chef de l'Etat », a indiqué Miloud Chorfi, chargé de la communication au RND. En revanche, le MSP de Bouguerra Soltani se dit n'être pas concerné par les critiques de M. Bouteflika. « Notre parti s'emploie depuis des mois à expliquer aux citoyens le contenu des textes d'applications de la charte. Ne nous sommes pas concernés pas les propos du chef de l'Etat », a lancé Dahmane Abdelkader, député du MSP à l'APN. Concernant l'ouverture du champ politique que le Président a conditionné par le rétablissement total de la sécurité, le MSP réitère sa position appelant à l'ouverture du champ politique et du champ audiovisuel. « Notre position est claire. Nous demandons toujours l'ouverture du champ politique et du champ audiovisuel », a rétorqué notre interlocuteur. Pour sa part, le RND s'est montré d'accord avec le premier magistrat du pays. « Pour l'ouverture du champ politique, il faut d'abord qu'il y ait un retour de la stabilité », a souligné Miloud Chorfi. Le responsable du FLN a abondé dans le même sens.