Une loi du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars comme «Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc». Lyon De notre correspondant Depuis, Cette nouvelle disposition législative suscite un vent de fronde inédit. Dans le monde des combattants, les dénégateurs de cette date expliquent que jamais en France on a commémoré une défaite. Pour les anciens d'Algérie, la remarque la plus souvent avancée, est qu'il y a eu bien de victimes après le cessez-le-feu. Cette position est alimentée par la persistance d'un noyau dur des ex-OAS, qui ont, depuis quelques années, des relais assurés dans la classe politique, au sein même du parti dominant à droite, l'UMP (opposition). Ainsi, parmi les quelques dizaines de communes revanchardes, celle de Nice, où le maire Christian Estrosi, député et ancien ministre de la République, avait été le premier à dire qu'il ne respecterait pas la loi. Il est allé plus loin lors du très récent conseil municipal, indiquant qu'il dévoilerait une plaque d'une rue «dédiée à la mémoire des civils, combattants et supplétifs de toutes confessions morts en Algérie après le 19 mars 1962». La mairie de Nice a donc choisi de passer un cap, celui de la glorification de la colonisation, comme toutes les villes qui honorent des figures criminelles de l'OAS, ou refusent pour ce 19 mars de pavoiser les établissements publics. C'est le cas dans la région parisienne de Suresnes (Hauts-de-Seine). La commune célébrera le 19 mars, la nouvelle Journée nationale, mais le maire a cependant décidé que les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments publics, à l'encontre des circulaires préfectorales. Même état d'esprit à Perpignan, ville connue pour son «Mur des disparus sans sépulture, Algérie 1954-1963», qui avait alimenté la chronique et fait connaître le Cercle algérianiste qui fait ses choux gras de la mémoire coloniale. Le maire Jean-Marc Pujol (UMP) mettra, aujourd'hui, en berne le drapeau national. Lui-même «Français d'Algérie», il reproche au gouvernement actuel de suivre «un choix politicard», et il invoque la résistance française pour expliquer sa décision de «désobéir». Dans le Vaucluse, la commune de Carpentras a rejoint la liste des opposants à la loi républicaine, de même que plusieurs petites communes du département, comme dans celui des Bouches-du-Rhône. Souvent les maires, à moins d'un an du renouvellement électoral de mars 2014, préfèrent aller dans le sens de l'association d'anciens combattants dominante dans leur village. La Fédération nationale des anciens combattants d'Afrique du Nord, qui n'est pas présente dans toutes les communes françaises, milite pour le 19 mars, depuis 1963 lorsqu'elle déposa ses premières gerbes, lors de cette date. Pour cet anniversaire 2013, elle indique que pour «celles et ceux ayant survécu à cette tragédie savent combien sont précieuses 50 années de paix (…)». Dans le même sens, l'Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (Arac), ou encore l'Association nationale des cheminots anciens combattants victimes et veuves de guerre (Ancac) souhaitent pérenniser le 19 Mars. En une déroutante guerre des drapeaux, ils font cavaliers seuls face à la puissante Union nationale des combattants qui a annoncé qu'elle ne participera pas aux cérémonies du 19 mars, même s'il elle laisse ses adhérents libres d'y aller mais «sans drapeau» et sans se prévaloir de l'association.