Coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale de l'archéologie, célébrée le 18 avril de chaque année, la vive polémique marquée par un duel à distance entre le ministère de la Culture et celui de l'Habitat et de l'Urbanisme et qui a accompagné le vieux et très controversé projet de réhabilitation du célèbre mausolée numide appelé Soumaâ, plus connu pour avoir abrité, selon la thèse la plus dominante et non encore confirmée, le tombeau du roi numide Massinissa, semble aussi occulter de nombreuses vérités sur l'état déplorable des sites archéologiques dits protégés et qui continuent de subir un bradage systématique et organisé, souvent dans une totale impunité, alors que dans les pays qui se respectent, ces faits sont classés comme des crimes contre la mémoire collective. Dans la région de Constantine, ancienne Cirta, capitale du royaume numide et qui regorge, selon les spécialistes, de vestiges d'une importance inestimable, sur plus d'une vingtaine de lieux répertoriés durant la période coloniale, puis classés après l'indépendance, la plupart sont dans un état de délabrement inimaginable. S'il est vrai que le tombeau de Massinissa, qui a régné sur la Numidie avec pour capitale Cirta au IIe siècle avant J.-C., est sans conteste le plus important des sites archéologiques, d'autres lieux, témoins de l'histoire d'une ville plusieurs fois millénaires, sombrent dans l'anonymat, s'ils ne sont pas menacés de disparition. On citera, entre autres, les dolmens de Salluste, localisés dans l'emplacement des anciens jardins de Constantine, se trouvant dans la localité de Bekira, à quelques kilomètres de la ville. Des vestiges qui auraient été ensevelis à jamais après l'extension d'une mégacité de plus de 20 000 habitants. Inutile de rappeler que les pratiques courantes, non ignorées par les autorités de la ville, ont amené de nombreux entrepreneurs à ne pas déclarer toute découverte de vestiges par crainte de voir leurs travaux arrêtés. On n'omettra pas de rappeler le sinistre sort réservé au tombeau de Praecillius, découvert par les Français sur le site dit « El Hofra », situé entre le quartier Kouhil Lakhdar (ex-Djenane Ezzitoune) et le fameux aqueduc romain, toujours à l'abandon. Le site qui renfermait de nombreux vestiges dont des stèles d'une grande valeur archéologique, ne fera plus l'objet de recherches après les pillages qui l'ont touché. Mis à part les travaux effectués sur les inscriptions découvertes dans l'actuel square Ahmed Bey et différents objets déposés au Musée national Cirta, nombreux sont les vestiges qui demeurent totalement inconnus. Les spécialistes avertis citent à titre d'exemple la mosaïque de Penthésilée découverte à Ouled Agla, ainsi que les dolmens de Ras El Aïn et de Djebel Ksaïbi, situés dans la commune d'Ouled Rahmoun, de même pour ceux du site de Djebel M'zala dans la commune d'El Khroub, situés à une trentaine de kilomètres de Constantine. Sur le volet de réhabilitation, des sites nécessitent une intervention urgente pour les rattraper au risque de connaître un mauvais sort. C'est le cas par exemple du Pont romain situé en contrebas du Pont Mellah ainsi que les inscriptions des martyrs Saint Jacques et Sainte Marie gravés sur une plaque non loin du Pont du diable. Une occasion pour en faire une étape d'un parcours pour les visiteurs étrangers surtout qu'on envisage toujours de réhabiliter le fameux chemin des touristes. Selon des spécialistes, la seule région de l'aqueduc romain mérite à elle seule d'être revalorisée surtout qu'elle renferme dans son sous-sol une véritable nécropole numide. « Il suffit seulement de creuser pour tomber sur des trésors de l'histoire antique de Cirta qui, il faut le rappeler, ne se limite pas uniquement au tombeau de Massinissa », nous dira un passionné de l'archéologie à Constantine.