Autrefois filière des plus performantes sous l'ère socialiste, l'industrie du textile bat de l'aile en Algérie. Le salut viendrait-il de partenariats avec d'autres opérateurs ? Cette formule serait-elle à même de lui permettre de retrouver un peu de dynamisme ? Une chose est sûre, l'industrie du textile intéresse les investisseurs étrangers. C'est le cas particulièrement des Turcs. D'ailleurs, des entreprises turques, en partenariat avec le gouvernement algérien, comptent investir 2,5 millions de dollars pour la création de deux complexes de confection et d'habillement, affirmait en septembre dernier Zaki Guvercin, responsable à la Chambre de commerce d'Istanbul pour les relations économiques entre la Turquie et l'Algérie. Les deux complexes, créés en application de la règle des 51-49% sur l'investissement étranger, seront implantés dans les wilayas de Béjaïa (Est) et Relizane (Ouest) et seront spécialisés dans la lingerie féminine, la bonneterie et les vêtements de sport. Ils entreront en production en 2014 et devraient créer 50 000 emplois directs et indirects, selon lui. Ces deux complexes travailleront avec l'implication des 54 entreprises publiques pour la production de textiles et la confection de vêtements. Ce partenariat, qui vient à point nommé, constitue une bouée de sauvetage, selon Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération nationale de textile, affiliée à l'UGTA. «Ce partenariat va permettre à la filière du textile de jouer un rôle d'approvisionnement à la confection», commente ce syndicaliste dans une déclaration à El Watan. La filière, dans son ensemble, est tombée de haut. «Dans les années 1970, l'industrie du textile était des plus performantes. Le véritable déclin a commencé à partir des années 1990», souligne notre interlocuteur. A l'époque, de nombreuses sociétés ont été privatisées ou fermées, jugées économiquement non viables suite à l'application du fameux plan d'ajustement structurel conclu avec le FMI. Par conséquent, le groupe textile relevant de la SGP Industries manufacturières emploie actuellement seulement 12 000 salariés. «Nous avons perdu 30 000 postes de travail depuis les années 1990», ajoute ce syndicaliste. De récents chiffres publiés par l'Office national des statistiques confirment une situation de marasme. Durant le premier trimestre 2012, l'activité industrielle a baissé, selon des chefs d'entreprise du secteur des textiles. Plus de la moitié des entreprises du secteur ont utilisé leurs capacités de production à moins de 75%. Le degré de satisfaction des commandes en matières premières reste inférieur à la demande exprimée, selon 63% des entreprises du secteur du textile. Et plus de 41% des unités du secteur ont connu des ruptures de stock, impliquant des arrêts de travail de moins de 10 jours pour l'ensemble des entreprises concernées. Actuellement, la production nationale couvre seulement 5% des besoins du marché local, évalués à près de 500 millions de mètres linéaires de tissu par an. La capacité de production est de l'ordre de 150 millions de mètres linéaires et le secteur public représente près de 30 millions de mètres linéaires. «C'est peu», juge M. Takdjout. Selon lui, la filière se sentirait mieux si la production était réorientée en direction du consommateur lambda ; l'essentiel de la production est destinée aux corps constitués. Pour M. Takdjout, la mobilisation des commandes publiques au profit des entreprises nationales du textile permettra de reconquérir 20 à 25% des emplois perdus. «Si nous mobilisons les marchés publics, nous pouvons récupérer d'ores et déjà 20 à 25% des emplois que nous avons perdus. Autrement dit, on pourra obtenir autour de 8 000 à 10 000 postes de travail», détaille-t-il. En attendant la concrétisation rapide du plan de sauvetage de la filière textile et cuir doté de 135 milliards de dinars, le secrétaire général de la fédération compte soumettre, lors de la prochaine conférence sur l'industrie nationale, la question de la réorganisation de la filière.