Le sentiment anti-musulman progresse fortement en France et la «hausse des indicateurs de racisme est préoccupante», s'alarme la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans son rapport annuel sur le «racisme, l'antisémitisme et la xénophobie en France». Paris De notre correspondant Pour la troisième année consécutive, les indicateurs de racisme sont en hausse, que l'intolérance augmente. Le phénomène s'ancre dans la durée et cette évolution est particulièrement préoccupante», s'inquiète la CNCDH, en se basant sur un sondage CSA réalisé fin 2012 auprès de 1029 personnes. Le rapport souligne une «augmentation toujours plus marquée de la méfiance à l'égard des musulmans et un rejet croissant des étrangers, perçus de plus en plus comme des parasites, voire comme une menace». 55% des personnes interrogées estiment en effet que les musulmans forment un groupe à part dans la société (+4 points par rapport à 2011 et +11 points par rapport à 2009) et 69% des personnes déclarent qu'«il y a trop d'immigrés aujourd'hui en France», soit +10 points par rapport à 2011 et +22 points par rapport à 2009. «Il y a une mauvaise perception de la religion musulmane qui menacerait un modèle social en difficulté et la laïcité comme élément de l'identité française», analyse Emmanuel Rivière, directeur d'opinion de TNS Sofres qui a réalisé une enquête approfondie auprès de 38 personnes pour ce rapport. Dans «un contexte de hausse du chômage et de fermeture d'usines», la commission souligne «une dangereuse banalisation des propos racistes». Deux autres vecteurs de cette banalisation : Internet et les discours politiques. «Internet contribue grandement à cette banalisation. Elle s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages qui ont suivi», note la commission. «Face à une situation économique et sociale extrêmement tendue, ce sont bien les Noirs, les Arabes, les juifs, les femmes, et les homosexuels qui deviennent les premières victimes de la conjoncture», a réagi SOS Racisme dans un communiqué. Dans ses propositions, la commission appelle les pouvoirs publics «à trouver les moyens pour lutter contre les préjugés dès la crèche et l'école maternelle». La CNCDH est une institution nationale indépendante de promotion et de protection des droits de l'homme, qui assure un rôle de conseil et de proposition auprès du gouvernement.