Près d'un tiers de la population mondiale est contaminée par le bacille de Koch. Seule une petite proportion des personnes infectées tomberont effectivement malades selon l'OMS, notamment les personnes dont le système immunitaire est affaibli. La lutte contre cette maladie, dont la Journée mondiale est célébrée aujourd'hui à travers le monde, consiste à réduire de manière spectaculaire des cas de tuberculose d'ici à 2015 en veillant à ce que tous les patients, y compris les cas de coinfection avec le VIH et les cas pharmacorésistants, bénéficient de l'accès universel à des diagnostics de qualité et à des traitements centrés sur le patient. Il s'agit de l'un des objectifs du millénaire qui ne semble pas être pris en compte. L'Algérie, qui a durant des années fait reculer d'une manière remarquable le nombre de cas de tuberculose grâce à un programme national de lutte contre cette maladie datant de 1964, élaboré par les défunts professeurs Larbaoui et Chaulet, fait face aujourd'hui à une recrudescence de cette maladie qui avoisine les 20 000 nouveaux cas toutes formes confondues et la forme extrapulmonaire figure en tête avec 12 000 nouveaux cas par an. Une situation peu reluisante selon les spécialistes qui déplorent l'absence de surveillance et la négligence de cette maladie. D'autres raisons sont également évoquées tels que le manque de moyens de diagnostic et de prise en charge. Ainsi, dans une déclaration à l'APS, le Dr Ali Halassa, en charge du Programme national de lutte antituberculeuse au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a indiqué que plus de 11 000 cas de tuberculose extrapulmonaire ont été recensés pour la seule année 2012 sur les 21 000 cas de tuberculose tous types confondus. Il a également souligné que l'on a enregistré au courant de la même année 8899 cas de tuberculose pulmonaire dont 7218 cas infectieux et 258 tuberculoses infantiles. Il relève ainsi un recul des atteintes de tuberculose pulmonaire infectieuse au cours des dernières années à raison de 19,7 cas pour 100 000 habitants, rappelant que les taux les plus hauts d'affection en Algérie ont été enregistrés entre 1993 et 2003. Le spécialiste signale que les cas de tuberculose extrapulmonaire sont passés de 17% en Algérie au lendemain de l'indépendance à 57% ces dernières années. «L'amélioration des conditions de vie des Algériens et la qualité des soins dispensés ont contribué au recul de la tuberculose pulmonaire pour laisser émerger d'autres types de cette même pathologie générés par d'autres facteurs», a-t-il expliqué. Le taux de prévalence de la tuberculose extrapulmonaire en Algérie est similaire à celui enregistré dans les pays de même niveau socioéconomique, a soutenu le spécialiste qui a indiqué que les services d'ORL, d'hématologie, de médecine interne, de gastro-entérologie, de néphrologie et de gynécologie-obstétrique prenaient en charge la tuberculose extrapulmonaire. Le système de données relatives aux maladies à déclaration obligatoire démontre que l'incidence de la tuberculose extrapulmonaire était plus importante chez les personnes âgées et les adultes dont la moyenne d'âge se situe à 34 ans, avec 60% des cas signalés parmi la population féminine. La tuberculose extrapulmonaire qui affecte les organes autres que le poumon n'est pas contagieuse, la bactérie à l'origine de la maladie prolifère dans les organes à forte teneur en oxygène. Le Dr Halassa a toutefois déploré la difficulté du dépistage de la tuberculose extrapulmonaire en raison, a-t-il dit, de la formation insuffisante des médecins et du manque de moyens. Seul l'Institut Pasteur d'Alger est doté des techniques modernes de dépistage, a-t-il ajouté.