Comme lors d'un sommet similaire consacré à la Libye encore sous le régime d'El Gueddafi, l'Algérie sera sous les feux de la rampe, mardi et mercredi, à l'occasion du 24e sommet de la Ligue arabe qui s'ouvrira à Doha. Quelle position adopter face au régime finissant de Bachar Al Assad ? Ou, inversement, l'Algérie va-t-elle reconnaître l'opposition syrienne toute auréolée de l'élection de son Premier ministre intérimaire, Ghassan Hitto ? L'Algérie sera, à coup sûr, l'attraction des médias à Doha, au même titre que le Liban et l'Irak qui ont ceci de commun : ils gardent encore le contact avec le régime syrien. Mais si les réserves algériennes sont plus ou moins fondées du fait que les rebelles syriens ne parlent pas d'une seule voix et que leur responsabilité dans certaines exécutions est clairement établie, l'élection de leur Premier ministre pourrait changer la donne. Et la diplomatie algérienne sera soumise dès aujourd'hui à la question quand le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, dira si l'Algérie est d'accord ou pas pour que le sommet de la Ligue arabe accueille Ghassan Hitto en sa qualité de représentant de l'opposition syrienne. Une question claire à laquelle il devra répondre tout aussi clairement. Le Qatar, qui accueille ce sommet qualifié de «capital», ne fait pas mystère de sa volonté de forcer la main à certains pays hésitants, à l'image de l'Algérie. On s'en souvient, c'est à Doha que Abdelaziz Bouteflika avait serré la main pour la première fois à l'ex-président du CNT libyen Moustapha Abdeldjalil, scellant alors une reconnaissance – à demi-mot certes – de l'opposition libyenne. L'histoire semble donc se répéter s'agissant des rebelles syriens qui arrivent aujourd'hui à Doha avec un statut quasi officiel d'invité du pays hôte qui plus est parle au nom des Etats-Unis. L'émir du Qatar, cheikh Jassim Bin Hamad Bin Khalifa Al Thani, sera certainement fier d'offrir une photo de famille d'un chef de l'opposition syrien en compagnie d'un haut responsable algérien pour l'exhiber comme un trophée de sa guerre diplomatique pour le leadership arabe. Une perspective à ne pas exclure compte tenu du rôle central de ce richissime émirat dans le dispositif de reconfiguration géopolitique du Monde arabe. L'Algérie, un beau trophée de guerre pour Doha Bien que l'Algérie ait résisté jusque-là à son «enrôlement», rien ne dit qu'elle ne changera pas d'avis. On le saura aujourd'hui, au terme de la réunion du conseil de la Ligue arabe regroupant les ministres des Affaires étrangères. Ce conseil devra en effet trancher la question de la participation de l'opposition syrienne au sommet de la Ligue, mardi et mercredi. Il sera intéressant de voir quelle position adoptera l'Algérie. Divorcera-t-elle d'avec le régime de Bachar Al Assad pour l'isoler un peu plus ? Ou gardera-t-elle sa position qui consiste à soutenir qu'elle traite d'Etat à Etat ce que, à ce titre, Damas est jusque à preuve du contraire le représentant de la Syrie au sein de l'ONU ? A entendre les déclarations faites hier par Mourad Medelci, il semble que l'Algérie nourrisse encore l'espoir d'une hypothétique «solution politique» entre le régime et les rebelles. «Il reste encore à la Ligue arabe une marge de manœuvre pour résoudre la crise en Syrie à travers le soutien de l'émissaire international, Lakhdar Brahimi, pour convaincre les deux parties de la nécessité d'un dialogue», a-t-il déclaré hier dans un entretien à l'agence de presse qatarie (QNA). Il a tout de même précisé que la solution doit prendre en compte «les aspirations du peuple syrien à la liberté, à la démocratie et au changement pacifique». Un signe que l'Algérie va revoir sa copie vis-à-vis de l'opposition syrienne ? Pas sûr, quand on suit le JT de 20h de l'ENTV.